Sourdement

Origine

de sourde et du suffixe -ment.
  • API : /suʁ.dǝ.mɑ̃/
  • SAMPA : /suR.d@.mA~/

Adverbe

sourdement /suʁ.dǝ.mɑ̃/
  1. D’une manière sourde, peu retentissante.
    Elle [la mer] grondait sourdement, et ses flots n'étaient presque plus que comme les sillons qu’on trouve dans un champ labouré, (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. VI.)
    Quelque temps après, les malades croient entendre la voix d’Esculape, soit qu’elle leur parvienne par quelque artifice ingénieux, soit que le ministre, revenu sur ses pas, prononce sourdement quelques paroles autour de leur lit, (Auguste Marseille Barthélemy, Anach. ch. 53.)
    Tantôt court sur la plage un long mugissement, Et les noires forêts murmurent sourdement, (Jacques Delille, Géorg. I.)
  2. (Figuré) D’une manière secrète et cachée.
    La femme de l’ami [la reine] a fort pleuré ; on a dit sourdement qu’elle irait au voyage, si son mari y allait, (Marquise de Sévigné, 10 juill. 1676.)
    Ainsi tout ce qu’on fait contre M. de Cambrai est un attentat ; tout ce qu’il fait sourdement est bon, (Jacques-Bénigne Bossuet, Passages éclaircis, avert.)
    Cette fatalité [les lois contre les protestants], destructive de la population, de la paix et du bien de l’État, réputée autrefois nécessaire, désole sourdement la France depuis près de cent années, (Voltaire, Pol. et lég. Procès Mlle Camp.)
    Il [Maupertuis] a fait son métier de perfide, en intéressant sourdement l’amour-propre du roi [Frédéric II] contre moi, (Voltaire, Lett. d’Argental, 26 févr. 1753.)
    Votre discours est si beau, que le cardinal de Fleuri vous aurait persécuté, mais sourdement et poliment, à son ordinaire, (Voltaire, Lett. Laharpe, 4 sept. 1771.)
    Les financiers les plus riches jouissaient sourdement de leur opulence, (Charles Pinot, Œuvr. t. x, p. 7.)
    Cette nouvelle circula sourdement, (Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, Mme de Maintenon, t. I, p. 195, dans POUGENS.)
  3. (Figuré) D’une manière peu éclatante, peu marquée.
    Il [un oiseau] a tout le dessus du corps olivâtre foncé, varié sourdement par des ondes d’un brun plus sombre, (Georges Louis Leclerc, Ois. t. XII, p. 13.)