Garde

Origine

(nom) voir aussi gard picard. warde provenc. garda, guarda
  • API : /ɡaʁd/
  • SAMPA : /gaRd/

Nom commun

garde /ɡaʁd/ féminin
  1. Action de garder, de conserver, de défendre quelqu'un ou quelque chose, de surveiller quelqu'un ou quelque chose.
    Avoir la garde d’une bibliothèque, d’un magasin. Il faut une garnison de trois mille hommes pour la garde de cette ville. La garde du défilé des Thermopyles confiée à Léonidas.
    Dieu, qui de ceux qu’il aime est la garde éternelle. — (François de Malherbe, I, 2.)
    Vous ne me direz plus qu’on vous l’a mise en garde. — (Pierre Corneille, Théodore, IV, 4.)
    Laissez-la moi, seigneur, quelques moments en garde. — (Pierre Corneille, Héracl. IV, 5.)
    Et je viens vous chercher pour vous prendre en ma garde. — (Pierre Corneille, Nicom. v, 7.)
    Je te le donne en garde. — (Pierre Corneille, Perthar. III, 5.)
    L'amour de ses sujets est une sûre garde. — (Jean de Rotrou, Antig. II, 4.)
    Appliquez-vous avec tout le soin possible à la garde de votre cœur, parce qu’il est la source de la vie. — (Isaac Louis Lemaistre de Sacy, Bible, Provençal de Salomon, IV, 23.)
    La garde de deux filles est un peu trop pesante pour un homme de mon âge. — (Molière, Préc. 5.)
    S'il y eut jamais une conjoncture où il fallut montrer de la prévoyance et un courage intrépide, ce fut lorsqu'il s’agit d’assurer la garde des trois illustres captifs. — (Jacques-Bénigne Bossuet, le Tellier.)
    Jacob ne pouvait pas les [ses brebis] donner en garde à un autre. — (Esprit Fléchier, Serm. II, 295.)
    Le vigilant Girot […] C'est d’un maître si saint le plus digne officier ; La porte dans le chœur à sa garde est commise. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Lutr. IV.)
    Amis, partageons-nous : qu’Ismaël en sa garde Prenne tout le côté que l’Orient regarde. — (Jean Racine, Athal. v, 5.)
    La garde en fut commise à ma fidélité. — (Jean Racine, ib. v, 2.)
    Mais siérait-il, Abner, à des cœurs généreux De livrer au supplice un enfant malheureux, Un enfant que Dieu même à ma garde confie ? — (Jean Racine, ib. v, 2.)
    Louis XIV, élevé dans l’adversité, allait avec sa mère, son frère et le cardinal Mazarin de province en province, n'ayant pas autant de troupes autour de sa personne, à beaucoup près, qu’il en eut depuis en temps de paix pour sa seule garde. — (Voltaire, S. Louis XIV, 5.)
    Allez, et que du trône où le ciel vous appelle L'inflexible équité soit la garde éternelle. — (Voltaire, Brutus, III, 6.)
  2. On le mit à la garde, ou, mieux, sous la garde d’un huissier, c’est-à-dire on commit un huissier pour veiller à ce qu’il ne s’échappât.
  3. à.
    la garde, sous la garde de Dieu, sous la protection de Dieu.
    Elle me laissa partir sous la garde du Seigneur. — (Antoine Hamilton, Gramm. 3.)
  4. Familièrement.
    à la garde de Dieu, c’est-à-dire il en arrivera ce qu’il pourra.
  5. Que Dieu vous ait en sa sainte et digne garde, ou, simplement, en sa sainte garde ! formule par laquelle les souverains terminent les lettres qu’ils écrivent.
  6. Terme d’expéditions et de roulage.
    Remis à la garde d’un tel, voiturier.
  7. Par extension.
    C'est une parole digne de Caïn que de dire : ce n'est pas à moi à garder mon frère ; croyons au contraire que nos amis sont à notre garde. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, Char. frat. 2.)
    Les citoyens étaient à la garde les uns des autres. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique III, 3.)
  8. Mettre quelqu'un sous bonne garde, le donner à garder à qui peut en répondre.
    Après avoir mis ce petit roi sous bonne garde, il s’alla loger sur l’Hydaspe. — (Claude Favre de Vaugelas, Q. C. VIII, 3, dans RICHELET.)
  9. En parlant des personnes et au sens actif, être de bonne garde, garder avec soin ce qu’on possède.
    Il y a dix ans que j'ai cette montre ; je suis de bonne garde.
  10. En parlant de certaines choses, des fruits, etc.
    et au sens passif, être de bonne garde, ou être de garde, se conserver longtemps sans se gâter.
  11. Dans le sens contraire.
    Ces fruits, ces vins sont de mauvaise garde, de difficile garde.
  12. Les filles sont de difficile garde, on a une grande surveillance à exercer pour les garantir de la séduction.
  13. Terme d’eaux et forêts. Étendue de la juridiction d’un officier préposé à la conservation des bois.
  14. (Jurisprudence) Garde judiciaire, se dit de la conservation et de la surveillance des objets saisis, séquestrés, mis sous les scellés, pour être ensuite représentés à qui de droit.
  15. Terme de coutumes.
    Garde noble, voir aussi garde-nob.
  16. Garde royale, droit qui appartenait au roi en certains lieux, de jouir des revenus des mineurs qu’il avait en sa garde.
  17. Garde seigneuriale, droit en vertu duquel le seigneur féodal jouissait des revenus des fiefs tenus immédiatement de lui, pendant que ses vassaux étaient en bas âge, à charge d’entretenir les héritages et de payer les redevances annuelles (Normandie).
  18. Guet, surveillance.
    Puisqu'on fait bonne garde aux murs et sur le port. — (Pierre Corneille, Cid, II, 7.)
    Est-ce pour moi, seigneur, qu’on fait garde à vos portes ? — (Pierre Corneille, Suréna, IV, 3.)
    Tant les chiens faisaient bonne garde. — (Jean de la Fontaine, Fabl. I, 5.)
    Anges du Seigneur, faites la garde autour du berceau d’une princesse si grande et si délaissée. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Duch. d’Orl.)
    Il fut ordonné que, pour toutes les places qui n'étaient pas frontières, ceux qui étaient sujets au guet et à la garde en seraient affranchis en payant cinq sous chaque année. — (Charles Pinot, Historique Louis XI, Œuv. t. III, p. 233, dans POUGENS.)
  19. Ce chien est de bonne garde, il garde, il avertit bien.
  20. Figuré
    Posez sur mes lèvres cette garde de circonspection. — (Esprit Fléchier, Aiguillon.)
    Elle mit une garde de prudence sur ses lèvres. — (Esprit Fléchier, Dauphine.)
    La vigilance continuelle, la garde des sens. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Élus.)
  21. Prendre garde, faire attention.
    Laissez la mine à part, prenez garde à la somme. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. XIII.)
    J'en sus hier la nouvelle et je n'y pris pas garde. — (Pierre Corneille, Hor. I, 3.)
    Je prends peu garde au bien. — (Pierre Corneille, Ment. II, 5.)
    Ne voilà pas de mes mouchards qui prennent garde à ce qu’on fait ? — (Molière, l'Avare, I, 3.)
    Un enfant n'y prenait pas garde de si près. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Var. 7.)
    L'aise, la joie, l’affluence remplissent l’âme… et mettent à sec, si l’on n'y prend garde, la source de la compassion. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, Exhort. aux nouv. cathol. 2.)
    Prenez garde, seigneur, vos invincibles mains Ont de monstres sans nombre affranchi les humains ; Mais tout n'est pas détruit, et vous en laissez vivre Un […] — (Jean Racine, Phèdre, v, 3.)
    Je n'aurais pas pris garde à elle, si elle n'avait pas pris garde à moi. — (Pierre de Marivaux, Pays. parv. 3e part.)
  22. Prendre garde à un sou, à un denier, faire attention aux plus petits articles dans un compte de dépense, et aussi, être très parcimonieux.
  23. Prendre garde à, veiller prendre ses précautions.
    César, prends garde à toi. — (Pierre Corneille, Pomp. IV, 4.)
    Défions-nous du sort et prenons garde à nous Après le gain d’une bataille. — (Jean de la Fontaine, Fabl. VII, 12.)
  24. Elliptiquement.
    Garde à toi ! c’est-à-dire prends garde à toi ! Sentinelle, garde à toi ! — (Casimir Delavigne, Charles VI, v, 1.)
  25. Garde à toi ! terme dont le valet de limier se sert pour parler à son chien quand il veut se rabattre.
  26. Garde à vous ! commandement militaire signifiant à une troupe de se tenir prête à exécuter le commandement qui va suivre.
  27. Prendre garde, avec que et le subjonctif, sans négation, avoir soin que telle chose soit.
    Prenez garde, mon fils, que vous entendiez tout ce que vous faites, et de quel côté vous vous tournerez. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, Charité fratern. Autre conclusion.)
  28. Prendre garde avec que et le subjonctif, et ne, avoir soin que la chose ne soit pas.
    On m’a enchargé de prendre garde que personne ne me vît. — (Molière, G. Dand. I, 2.)
    Prends garde que jamais l’astre qui nous éclaire Ne te voie en ces lieux mettre un pied téméraire. — (Jean Racine, Phèdre, IV, 2.)
  29. Prendre garde que, avec l’indicatif, remarquer.
    Prenez garde que l’auteur ne dit pas ce que vous pensez.
    Les valets peuvent faire en conscience de certains messages fâcheux, n'avez-vous pas pris garde que c’était seulement en détournant leur intention du mal… ? — (Blaise Pascal, Provençal 7.)
    Prenez garde que, quand saint Augustin a parlé du moindre degré d’être et de perfection, il ne l’a point considéré en tant que joint aux autres degrés supérieurs. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, t. III, p. 20.)
  30. Prendre garde à, et un infinitif construit sans négation, avoir soin de.
    Prenez bien garde, vous, à vous déhancher comme il faut et à faire bien des façons. — (Molière, Imprompt. 3.)
    Prenez garde à sanctifier l’extérieur par l’intérieur. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Lett. Corn. 431.)
  31. Prendre garde à, et un infinitif construit avec une négation, avoir soin de ne pas…
    Prenez bien garde au moins à ne lui point parler du diamant que vous lui avez donné. — (Molière, Bourg. gent. III, 19.)
    Il faut prendre garde à ne pas se tromper. — (Blaise Pascal, Pens. part. II, art. 6.)
    Qui prennent soigneusement garde à n'offenser personne et du reste ne pensent aux injures qu’on leur fait que pour les pardonner. — (Louis Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 197.)
    Prenez garde à ne pas confondre les choses. — (Louis Bourdaloue, Carême, III, Amour de Dieu, 70.)
    Je crois même que vous devez prendre garde à ne jamais laisser le vin devenir trop commun dans votre royaume. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XII.)
  32. Prendre garde de, et un infinitif construit avec une négation, avoir soin de ne pas…
    Prends garde de ne t’enfler pas. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique II, 7.)
    Si vous vous laissez gagner aux soupçons, si vous prenez facilement des ombrages et des défiances, prenez garde pour le moins de ne les porter pas aux oreilles importantes. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, Charité fratern. Autre conclusion.)
  33. Prendre garde de, et un infinitif construit sans négation, s’efforcer d’éviter.
    Prenez garde de tomber sur la montée. — (Baron, Coq. et fausse prude, v, 6.)
  34. En cet emploi, prendre garde signifie éviter de, craindre de.
    On peut voir dans l’historique des exemples où garde a ce sens de crainte.
  35. Se donner de garde, se donner garde, se défier, prendre ses précautions.
    À l’égard de se donner de garde ou de se donner garde, je crois qu’ils sont également usités ; je préférerais néanmoins le premier avec M. de Vaugelas. — (Claude Favre de Vaugelas, Nouv. Remarque Observ. de M***, p. 281.)
    Je venais l’avertir de se donner de garde. — (Molière, l'Ét. IV, 1.)
    Donnez-vous de garde des faux christs et des faux prophètes. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique II, 9.)
    Suétone, dans la vie de Néron, dit que l’oracle de Delphes l’avertit qu’il se donnât de garde des soixante-treize ans. — (Bernard le Bouyer de Fontenelle, Oracles, II, 3.Avoir soin de ne pas faire, éviter de. )
    Aussi nous donnerons-nous bien de garde de vous suivre en cela. — (Blaise Pascal, Lett. de Nicole au P. Annat.)
    L'aventure du miroir et de la dame enflée dont vous vous êtes bien donné de garde de me parler. — (Visé, Devineresse, III, 3.)
    On sait qu’il [Virgile] ordonna, par son testament, que l’on brûlât son Enéide, dont il n'était point satisfait ; mais on se donna bien de garde d’obéir à sa dernière volonté. — (Voltaire, Ess. poés. ép. 3.)
  36. Se donner de garde d’une chose, l’éviter, la fuir.
    Donnez-vous de garde de toute avarice. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, Exhort. aux nouv. cathol. 2.)
  37. N'avoir garde de, n'avoir pas la volonté, le pouvoir, être bien éloigné de.
    Ils n'avaient garde de loger dans le même palais. — (Pierre Corneille, Ex. de Pomp.)
    Je n'ai garde à son rang de faire un tel outrage. — (Pierre Corneille, Nicom. II, 2.)
    Il n'a garde d’aller avouer cela, ce serait faire tort […] — (Molière, Scapin, I, 6.)
    Ils n'avaient garde de le reconnaître au milieu des flots. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. VIII.)
    L'on n'avait garde de changer la récompense éternelle en cette gloire frivole. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Aum.)
  38. Figuré N'avoir garde de, en parlant des choses, ne pouvoir pas.
    Cette pièce fut mon coup d’essai, et elle n'a garde d’être dans les règles, puisque je ne savais pas alors qu’il y en eût. — (Pierre Corneille, Mél. Examen.)
    Cette permission n'avait garde d’être refusée. — (Antoine Hamilton, Gramm. 9.)
  39. Je n'ai garde de commettre cette faute, façon de parler bourgeoise, dit CAILLIÈRES, 1690. On ne voit pas ce qui, même de son temps, a pu décider Caillières à prononcer cet arrêt ; car la locution est employée par les meilleurs écrivains du XVIIe siècle.
  40. Service de surveillance rempli par une personne ou un corps de personnes.
    Quatre dames qui sont de garde tour à tour. — (Marquise de Sévigné, 181.)
  41. Garde, se dit aussi du service des pages, des gentilshommes, des valets de pied, etc. qui sont tour à tour de service auprès des rois et des princes.
  42. Service alternatif de vingt-quatre heures que font les élèves en médecine, en pharmacie, attachés à un hôpital, pour donner les secours urgents.
    L'interne de garde.
  43. Service de vingt-quatre heures que fait un petit corps de troupe pour garder ou surveiller.
    Monter la garde, faire ce service ; descendre la garde, retourner à sa caserne ou chez soi quand il est fini. Officier de garde.
    Si mon compère Pierre est de garde aujourd'hui. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. XI.)
  44. Figuré et familièrement.
    Descendre la garde, mourir. Faire descendre la garde, tuer. Il a fait descendre la garde à plusieurs ennemis.
  45. Collectivement.
    Les soldats qui montent la garde. Relever, doubler, changer la garde. La garde montante. La garde descendante.
    Maître absolu de tout, il change ici la garde. — (Pierre Corneille, Sertor. v, 5.)
  46. Corps de garde, certain nombre de soldats placés de garde en un lieu.
    Corps de garde avancé. Poser, établir un corps de garde. En ce sens, le langage militaire dit aujourd'hui plutôt poste.
  47. Corps de garde, lieu où se tiennent les soldats qui montent la garde.
    Plaisanteries de corps de garde, voir aussi corps#var.
  48. Absolument.
    La garde, les soldats ou les officiers de police qui sont postés en un lieu déterminé pour veiller à la sûreté publique.
    Et la garde qui veille aux barrières du Louvre N'en défend pas nos rois [de la mort]. — (François de Malherbe, VI, 18.)
    Point n'est besoin de la garde Qu'appelle en vain le portier. — (Pierre Jean de Béranger, Bon ménage.)
    La garde et les amours Se chamaillaient toujours. — (Pierre Jean de Béranger, Mad. Grég.)
  49. À la garde ! locution elliptique dont on se sert pour appeler la garde dans un moment de danger.
  50. Corps de troupes affecté au service près du souverain. Garde royale, impériale.
    L'artillerie de la garde. La cavalerie de la garde. Les grenadiers de la garde.
    Seule contre un tyran, en le faisant périr Par les mains de sa garde il me fallait mourir. — (Pierre Corneille, Cinna, III, 4.)
    Déjà sa garde accourt avec des cris de rage. — (Voltaire, Mérope, v, 6.)
    Il [Louis XI] fit, cette année, quelques nouveaux arrangements dans sa maison ; il augmenta sa garde de cent archers, sous le commandement de Jean Blosset ; c’est le premier établissement des compagnies françaises des gardes du corps. — (Charles Pinot, Historique de Louis XI, Œuvres, t. III, p. 28.)
    Il dicta le bulletin de cette journée [bataille de la Moskowa] ; il se plut à apprendre à l’Europe que ni lui ni sa garde n'avaient été exposés. — (Sophie de Ségur, Historique de Nap. VII, 12.)
    Encore n'était-ce que de sa garde, qu’il s’occupait ainsi ; dans l’armée, les soldats se plaignaient de son absence ; ils ne le voyaient plus qu’aux jours des combats, quand il fallait mourir, jamais pour les faire vivre. — (Sophie de Ségur, ib. I, 2.)
    Leurs généraux les repoussaient inutilement ; ils se laissaient frapper sans se plaindre, sans se révolter, mais sans s’arrêter, même ceux des gardes royale et impériale ; car, dans toute l’armée, c’était, chaque nuit, des scènes pareilles. — (Sophie de Ségur, ib. IX, 13.)
  51. Vieille garde, moyenne garde, jeune garde, différents corps qui faisaient partie de la garde de Napoléon 1er.
    En cheminant ainsi, il appela Mortier et lui ordonna de faire enfin avancer la jeune garde, mais surtout de ne point dépasser le nouveau ravin qui séparait de l’ennemi. — (Sophie de Ségur, Historique de Nap. VII, 11.)
    Il a fallu qu’ils [les soldats revenant de Moscou] attendissent [devant Smolensk] l’arrivée de la première troupe encore commandée et en ordre, c’était la vieille et la jeune garde ; les hommes débandés n'entrèrent qu’à la suite. — (Sophie de Ségur, ib. IX, 14.)
  52. Garde constitutionnelle, garde qui fut accordée à Louis XVI par l’assemblée législative, et qui devait être de 1800 hommes.
  53. Grand'garde, corps de cavalerie placé à la tête d’un camp pour empêcher que l’armée ne soit surprise.
  54. Il se dit aussi du corps de garde principal d’une place forte ou d’un camp.
  55. Garde avancée (dite aussi autrefois garde folle), corps que l’on met au delà de la grand'garde pour plus de sûreté.
    La garde avancée n'était qu’à la portée du canon de celle des ennemis. — (Antoine Hamilton, Gramm. 5.)
  56. Garde nationale, citoyens armés pour le maintien de l’ordre, et ne recevant point de solde.
  57. Garde bourgeoise, garde urbaine, garde civique, se dit quelquefois pour garde nationale.
  58. Garde municipale, troupe sédentaire chargée d’un service de police ; on l’appelle municipale, parce qu’elle est à la solde et aux ordres d’une ville.
  59. Garde départementale, corps d’infanterie établi, durant le premier empire, dans chaque département.
  60. Garde d’honneur, troupe choisie pour escorter des personnages auxquels on rend des honneurs militaires.
  61. Il se dit aussi d’une réunion de citoyens qui, volontairement, servent de gardes à un souverain, à un prince, etc. pendant son séjour dans la ville ou le pays.
  62. Garde d’honneur, s’est dit d’une levée qui se fit en 1813 et 1814 de jeunes gens de bonne famille qui s’étaient rachetés une ou plusieurs fois de la conscription et qui furent formés en corps de cavalerie.
  63. La partie d’une épée, d’un sabre ou d’un poignard qui sert à couvrir la main.
    Son épée dont la garde était d’or. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XVI.)
    Les gardes d’épées et sabres seront marquées et contre-marquées aux branches et plaques,
/Règlement orfév. 30 déc. 1679/Auteur#
  1. À ces mots, il tourna la pointe de son épée contre son estomac, la plongea jusqu'à la garde, et tomba sur le corps de don Juan. — (Alain René Lesage, Diabl. boît. 15.)
  2. Monter une garde, établir la garde d’une épée telle qu’elle doit être ; fig.
    et familièrement, monter une garde à quelqu'un, le réprimander vivement. Telle est du moins l’explication que l’Académie donne de cette locution singulière.
  3. On a dit au pluriel les gardes d’une épée ; de là la locution familière et figurée : s’en donner jusqu'aux gardes, boire et manger tout son soûl, et, en général, prendre d’un plaisir sans réserve ni modération.
    Je boirai, je pétunerai [je prendrai du tabac], Jusqu'aux gardes m’en donnerai. — (Paul Scarron, Virg. V.)
    La Rappinière but tant qu’il s’enivra, et la Rancune s’en donna aussi jusqu'aux gardes. — (Paul Scarron, Rom. com. I, 4.)
  4. Terme d’escrime.
    La garde, l’attitude du bras quand on tient l’épée pour le combat.
  5. La garde haute, basse, tenir le poignet haut, bas.
  6. Se mettre, se tenir en garde, se mettre, se tenir en état de défense l’épée à la main.
  7. Elliptiquement.
    En garde ! Mettez-vous en garde.
    Une, deux ! un saut en arrière ! en garde, monsieur, en garde ! — (Molière, B. gent. II, 3.)
  8. Figuré Se tenir, être en garde, se défier, veiller à n'être point surpris.
    Moins en garde contre elle que contre Rochester. — (Antoine Hamilton, Gramm. 9.)
    Je redeviens homme, et homme en garde contre les plaisirs. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Dial. des morts ancien dial. 6.)
    Soyez en garde contre votre humeur. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XXIV.)
    Une persécution contre laquelle on n'est point en garde. — (Jean-Baptiste Massillon, Avent, Épiph.)
    Nous devons être en garde contre notre cœur. — (Jean-Baptiste Massillon, Panég. Mart.)
    On est en garde, on doute enfin si l’on rira. — (Jean-Baptiste Louis Gresset, Méchant, IV, 7.)
  9. Figuré Être hors de garde, être déconcerté dans ses mesures.
    Tu vas sortir de garde et perdre tes mesures ; Explique, si tu peux, encor ses impostures. — (Pierre Corneille, Ment. III, 3.)
    Léandre pour nous nuire est hors de garde enfin. — (Molière, l'Ét. III, 5.)
    Vous le pourrez longtemps mettre encor hors de garde. — (Thomas Corneille, Feint astrol. II, 5.)
  10. Il y a quatre gardes générales de l’épée : la prime ou première garde ; la seconde garde, improprement appelée tierce par quelques-uns ; la tierce ou la troisième garde ; et la quarte ou la quatrième garde ; de là la locution figurée : être, se mettre, se tenir sur ses gardes, c’est-à-dire faire attention à ne pas se laisser surprendre.
    Nous avons besoin de nous tenir sur nos gardes. — (Marquise de Sévigné, 501.)
    Il se tiendra sur ses gardes assurément. — (Molière, Fourb. de Scap. II, 9.)
    La vedette se mit sur ses gardes. — (Antoine Hamilton, Gramm. 5.)
    Il faut en ce pays être un peu sur ses gardes. — (Jean-François Regnard, Ménechmes, II, 2.)
  11. L'Académie a placé cette locution sous la rubrique de surveillance, dans l’article.
    Mais les gardes de l’escrime montrent ce qu’est véritablement cette locution. Pourtant il faut remarquer qu’elle est déjà dans Froissart ; et sans doute dès lors l’escrime avait ses gardes.
  12. (Jeu) de cartes. Petite carte de même couleur qu’un roi ou une carte principale, et qui protège ce roi, cette carte principale.
  13. Figuré et familièrement.
    Avoir toujours garde à carreau, être toujours prêt à se défendre, à riposter.
  14. Substantif féminin pl. Terme de serrurier. Petites pointes de fer qui entrent dans les fentes du panneton d’une clef, et qui empêchent la clef de tourner, lorsqu'on y fait le moindre changement.
    J'aurais peut-être le temps de changer ce qu’il a imité ; je ferais comme les gens qu’on a volés, qui changent les gardes de la serrure. — (Voltaire, Lett. Thiriot, 25 déc. 1735.)
  15. Gardes d’une clef, les entailles du panneton dans lesquelles passent les garnitures de la serrure.
  16. (Librairie) Feuillet que l’on met au commencement et à la fin d’un livre.
    Il est tout à fait désagréable de voir près d’un titre roux une garde extrêmement blanche ; il est essentiel que la teinte des gardes s’accorde avec le papier du livre. — (Lesné, la Reliure, p. 146.)
  17. (Reliure) Bande de parchemin entaillée elle-même par petites bandes qui doivent être collées dans les entre-nerfs.
    Pour les livres un peu soignés on met de chaque côté de la battée une garde ou chemise, Manuel du relieur, p. 55.
  18. Fausse garde, synonyme d’onglet.
  19. Garde, se dit des anneaux qui soutiennent un peson, une romaine.
  20. Garde faible, celle qui est la plus éloignée du centre de la balance ; garde forte, celle qui en est la plus proche.
  21. (Rubanier) Bande de papier qui tient le peigne fixé dans le battant.
  22. (Marine) Planche clouée sur deux pièces de bois pour les relier momentanément.
  23. Espèce de jumelle que l’on applique sur une pièce qui a éclaté, afin de la consolider.
  24. Gardes ou palans de garde, les deux palans qui servent à maintenir la corne d’artimon.
  25. Garde montante, nom donné par les pilotes de la Seine à l’aussière de terre qui soutient le bâtiment contre la marée.
  26. Au pluriel. Morceaux de bois placés aux deux bouts des peignes du tisserand pour en assujettir les broches.
  27. Terme de verrier. Morceaux de verre que l’on place dans le poêle pour faire connaître le moment de la calcination.
  28. Terme de vénerie. Gardes, les os de derrière ou ergots des jambes d’une bête fauve, cerf, sanglier, etc. près des pieds.

Synonymes

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier

Verbe

garde /ɡaʁd/
  1. Deuxième personne du singulier du présent de l’impératif
  2. Première personne du singulier du présent de l’indicatif
  3. Troisième personne du singulier du présent de l’indicatif
  4. Première personne du singulier du présent du subjonctif
  5. Troisième personne du singulier du présent du subjonctif de garder

Voir aussi