Ferme

Origine

(adj.) du latin firmus, qui est rapporté au sanscrit dhar, dhri (i prend un accent bref), tenir étroitement, soutenir.
  • API : /fɛʁm/
  • SAMPA : /fERm/; /fEʁm/; /fEʁm/; /fEʁm/

Adjectif

ferme /fɛʁm/ (pluriel fermes /fɛʁm/)
  1. Qui a de la consistance, de la dureté, par opposition à mou. Un terrain ferme. Un gâteau de pâte ferme. Ce poisson a la chair ferme.
    Comme les os se rendent plus fermes dans les endroits des ruptures. (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, jubilé, Pénitence, I.)
  2. La terre ferme, le continent, ce qui n'est pas entouré d’eau, par opposition aux îles.
    Les vaisseaux s’abordaient par la proue ; on abaissait de part et d’autre des ponts-levis, et on se battait comme en terre ferme. (Voltaire, Mœurs, 75.)
  3. Particulièrement. Terre ferme, la partie des États de Venise qui était située sur le continent, par opposition à Venise et aux îles. Les nobles de terre ferme.
  4. Qui tient fixement. Ce plancher est ferme.
    [La paix]... Et de la majesté des lois Appuyant les pouvoirs suprêmes, Fait demeurer les diadèmes Fermes sur la tête des rois. (François de Malherbe, III, 2.)
    La mer est dans un état ferme d’équilibre ; et, si, comme il est difficile d’en douter, elle a recouvert autrefois des continents aujourd'hui fort élevés au-dessus de son niveau, il faut en chercher la cause ailleurs que dans le défaut de stabilité de son équilibre. (Laplace, Exp. IV, 12.)
  5. (Figuré)
    Je ne sais s’il y a moyen de donner des règles fermes pour accorder les discours à l’inconstance de nos caprices. (Blaise Pascal, Pensées, I, 3.)
    Pour m’attacher à vous par de plus fermes nœuds. (Thomas Corneille, Ariane, II, 4.)
    Il ne pouvait y avoir de paix ferme et durable que celle où toutes les parties trouvaient un avantage égal. (Charles Rollin, Historique ancien Œuvres, t. v, p. 381, dans POUGENS.)
    La justice, plus exactement rendue sous le règne d’Élisabeth que sous aucun de ses prédécesseurs, fut un des fermes appuis de son administration. (Voltaire, Mœurs, 168.)
    Orbassan de nos lois est le plus ferme appui. (Voltaire, Tancr. I, 1.)
  6. Qui se tient sans chanceler. Être ferme sur ses pieds, à cheval.
  7. Être ferme sur ses étriers, se tenir d’aplomb à cheval.
  8. (Figuré) Défendre son sentiment, être immuable dans sa résolution.
  9. De pied ferme, loc. adv. Sans reculer. Attendre de pied ferme l’ennemi. Combattre de pied ferme.
    Contre nous de pied ferme ils tirent leurs alfanges. (Pierre Corneille, Cid, IV, 3.)
  10. En un sens particulier. Sans bouger d’un lieu. Il y a deux heures que je vous attends ici de pied ferme.
  11. Dans les manœuvres militaires, conversion de pied ferme, conversion dont le pivot est fixe.
  12. (Figuré) et (Familier). Attendre quelqu'un de pied ferme, l’attendre avec la résolution de lui résister, témoigner qu’on ne le craint pas.
  13. Terme de droit coutumier. Pied ferme. héritage affermé à longues années.
  14. Un pas ferme, un pas dans lequel le pied se pose avec solidité sur le sol.
  15. (Figuré)
    Avide de travaux, insensible aux délices, Il marchait d’un pas ferme au bord des précipices. (Voltaire, Henr. IX.)
  16. Terme de manége. Un cheval saute de ferme à ferme, il saute dans la même place.
  17. Vigoureux, fort. Avoir la main ferme, les reins fermes.
    L'artère, qui devait avoir un battement si continuel et si ferme. (Jacques-Bénigne Bossuet, Connaiss. II, 8.)
  18. À la paume, avoir le coup ferme, pousser vigoureusement la balle.
  19. Avoir la main ferme, signifie aussi avoir une main qui ne tremble pas. Cet enfant, lorsqu'il écrit, n'a pas la main ferme.
  20. (Figuré) Tracer d’une main ferme le tableau d’une époque, le portrait d’un personnage, etc. raconter ces événements, faire ce portrait, etc. dans un style ferme.
  21. Il se dit dans un sens analogue de la santé.
    Malgré une constitution très ferme et une vie toujours très réglée, M. Méry se sentit tout d’un coup abandonné de ses jambes vers l’âge de soixante-quinze ans. (Bernard le Bouyer de Fontenelle, Méry.)
    Le baron : Votre santé, monsieur ? - Forlis : Assez ferme ; et la tienne ? (Boissy, Dehors tromp. II, 10.)
  22. Termes d’arts et de littérature. Qui a le caractère de la vigueur. Un burin ferme. Manière, exécution ferme. Le jeu de ce musicien est ferme.
  23. Style ferme, style qui a de la concision et de la force.
  24. (Figuré) Qui a de la solidité morale, qui ne se laisse ni changer ni détourner.
    L'esprit sacré qui te conseille Est ferme en ce qu’il a promis. (François de Malherbe, VI, 2.)
    Vous paraissiez plus ferme en vos intentions. (Pierre Corneille, Cinna, III, 2.)
    Oui, je lui dois assez, seigneur, quoi qu’il en soit, Pour vous payer pour lui de l’amour qu’il vous doit ; Et je vous le promets, entier, ferme et sincère. (Pierre Corneille, Héracl. v, 3.)
    Il [Annibal] m’a surtout laissé ferme en ce point D'estimer beaucoup Rome et ne la craindre point. (Pierre Corneille, Nicom. II, 3.)
    Je l’ai toujours connu ferme dans son devoir. (Pierre Corneille, Œdipe, III, 4.)
    Le plus ferme souvent manque à ce qu’il propose. (Jean de Rotrou, Herc. mour. I, 6.)
    Sitôt qu’il crut son fils ferme dans son devoir. (Jean de la Fontaine, Oies.)
    Tous les hommes ensemble ont été fermes dans cette pensée, sans que jamais personne y ait contredit jusqu'à ce temps. (Blaise Pascal, Pesant. de l’air, Conclusion.)
    Un cœur...noble pour s’élever au-dessus des passions et des intérêts, tendre pour assister les malheureux, ferme pour résister à l’iniquité. (Esprit Fléchier, Lamoignon.)
    Crois-tu que, toujours ferme au bord du précipice, Elle [la femme] marche toujours sans que le pied lui glisse ? (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. X.)
    Je demeure ferme dans le dessein de quitter... (Marquise de Maintenon, Lett. à l’abbé Gobelin, 6 août 1674.)
    Louis avait le cœur ferme et l’esprit timide. (Charles Pinot, Historique Louis XI, Œuv. t. III, p. 358, dans POUGENS.)
    Avec une âme juste et ferme, j'ai désiré que mon enfant eût un esprit droit, éclairé, étendu. (Denis Diderot, Lett. à la comtesse de Cœrbach, Œuv. t. III, p. 446, dans POUGENS.)
    Deux cents de nos guerriers, amis fermes et sûrs. (Casimir Delavigne, Vêpr. sicil. III, 6.)
  25. Rester ferme, ne pas changer d’opinion.
    Mon bon homme, qui avait tant d’envie de voir le roi, resta ferme : je crains les monopoleurs, dit-il. (Voltaire, Polit. et législation, Diatribe à l’auteur des éphém.)
  26. En un sens péjoratif.
    Le ladre a été ferme à toutes les attaques. (Molière, l'Av. II, 6.)
  27. Particulièrement. Qui ne se laisse point abattre par l’adversité, intimider par le péril. Une âme ferme.
    L'ébranlement sied bien aux plus fermes courages. (Pierre Corneille, Hor. I, 1.)
    Il [Valentinien] était chaste, libéral, humain, ferme dans la mauvaise fortune, et modéré dans la bonne. (Esprit Fléchier, Historique de Théod. IV, 34.)
    Je vous crois fort au-dessus des revers que vous avez essuyés ; toutes les âmes nobles sont fermes. (Voltaire, Lett. de la Borde, 16 avr. 1770.)
  28. Il se dit des choses en un sens analogue. Une volonté ferme. Une ferme espérance. Une foi ferme.
    La vertu la plus ferme évite les hasards. (Pierre Corneille, Poly. II, 4.)
    C'est peut-être un dessein mal ferme que le sien. (Pierre Corneille, Sertor. IV, 1.)
    Louis XIV, après huit ans de désastres dans la guerre de la succession d’Espagne, prit la résolution ferme d’aller combattre lui-même à la tête de ce qui lui restait de troupes, quoique à l’âge de soixante-dix années. (Voltaire, Mœurs, Fragm. sur l’hist. art. XVIII.)
    Des actions fermes et des paroles simples, voilà le vrai caractère des anciens Romains. (Voltaire, Comm. sur Corn. Remarque Pompée.)
  29. Avoir le jugement ferme, l’esprit ferme, la tête ferme, avoir l’esprit solide et droit.
  30. Qui révèle de la fermeté. Regard, contenance, voix ferme.
    Voilà Ulysse lui-même ; voilà ses yeux pleins de feu et dont le regard était si ferme. (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. IX.)
  31. (commerce) et de bourse. Marché, achat, vente ferme, marché, achat, vente qui emporte obligation de faire ou de prendre livraison.
  32. Ferme contre prime, ou opération ferme contre prime, vente ferme et achat à prime.
  33. Terme d’administration. Marché à prix ferme, marché passé par les ministres avec les fournisseurs pour les approvisionnements de l’armée, etc.
  34. Ferme, loc. interj. qui s’emploie pour exciter, encourager.
    Allons, ferme ! poussez, mes bons amis de cour. (Molière, Mis. II, 5.)
    Ferme ! continuez à ne vous pas entendre. (Lachaussée, Préjugé à la mode, I, 4.)

TraductionDéplier / Replier

Nom commun

ferme /fɛʁm/ féminin (féminin pluriel : fermes /fɛʁm/)
  1. (Droit) Convention par laquelle un propriétaire abandonne à quelqu'un, pour un temps déterminé, la jouissance d'un domaine agricole ou d'un droit, moyennant une redevance.
    Donner ses terres à ferme.
    La ferme des chaises de l'église.
  2. (Par extension) Exploitation agricole donnée à ferme.
  3. Anciennement, système de perception des impôts dans lequel le fonctionnaire (fermier) payait d'avance une somme forfaitaire au roi, pour ensuite se payer en percevant les sommes dues, la différence formant son salaire.
    La ferme des gabelles.
  4. (Architecture) Assemblage de pièces destinées à supporter le faîtage, les pannes et les chevrons d'un comble.
  5. (Théâtre) Décor de théâtre monté sur châssis glissant latéralement ou s'élevant des dessous par des trappes, disposé en avant de la toile de fond.

Adverbe

ferme /fɛʁm/
  1. Ferme, adv. D'une manière ferme, fortement. Tenir quelque chose bien ferme. Frapper ferme.
  2. Se tenir ferme, se tenir solidement.
    Polyclète, se penchant trop sur ses chevaux, ne put se tenir ferme dans une secousse, il tomba. (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. v.)
    Nous nous tenions ferme, de peur que, dans cette violente secousse [des vagues], le mât qui était notre unique espérance ne nous échappât. (François de Salignac de la Mothe Fénelon, ib. VI.)
  3. Faire ferme, s’arrêter dans une retraite, et tenir tête à l’ennemi.
    Le général Stenau fit ferme avec deux régiments. (Voltaire, Charles XII, 2.)
  4. (Figuré)
    [Il] Fit ferme quelque temps et puis se démentit. (Tristan, M. de Chrispe, I, 3.)
    Il faut faire ici ferme et montrer du courage. (Pierre Corneille, Œdipe, v, 4.)
  5. Il se dit aussi de la solidité d’un terrain.
    Vous trouverez de la consistance au milieu de l’inconstance des choses humaines...vous demeurerez immuables comme si tout faisait ferme sous vos pieds. (Jacques-Bénigne Bossuet, Panég. St Benoît, 2.)
  6. Tenir ferme, opposer une résistance vigoureuse.
    Toutefois il tient ferme et nous montre visage. (Du Ryer, Scévole, I, 3.)
    Tantôt, sur les rives de la Loire, suivi d’un petit nombre d’officiers et de domestiques, il court à la défense d’un pont, et tient ferme contre une armée. (Esprit Fléchier, Turenne.)
    Il tient ferme pourtant et ne perd point courage. (Jean Racine, Théb. v, 3.)
  7. (Figuré) Il tint ferme contre la critique.
    En tout cas, je suis très assuré que vous tiendrez ferme au milieu des ruines publiques. (Louis-Guez de Balzac, liv. I, lett. 3.)
    Qu'il tienne ferme pour faire observer les lois. (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XIV.)
  8. Tenir ferme, ne pas renoncer à, ne pas abandonner.
    Tenons ferme dans l’espérance. (Jacques-Bénigne Bossuet, Sermons, Ascension. 1.)
  9. Parler ferme à quelqu'un, lui parler avec force, et de manière à lui en imposer.
    Vous me parlez bien ferme, et cette suffisance... (Molière, Mis. I, 2.)
  10. Fort et ferme, avec force, avec ardeur, avec appétit, etc.
    On disputera fort et ferme de part et d’autre. (Molière, Critique, 8.)
    Comme il sentait une grande faim à son réveil, il mangea fort et ferme. (Antoine Hamilton, Gramm. 9.)

Verbe

ferme /fɛʁm/
  1. Deuxième personne du singulier du présent de l’impératif # Première personne du singulier du présent de l’indicatif # Troisième personne du singulier du présent de l’indicatif # Troisième personne du singulier du présent du subjonctif de fermer

Voir aussi