Dévot

Origine

du latin devotus « dévoué » de la préposition de et vovere « vouer »
  • API : /de.vɔ/
  • SAMPA : /de.vO/

Adjectif

dévot /de.vɔ/ masculin (féminin : dévote /de.vɔt/, masculin pluriel : dévots /de.vɔ/, féminin pluriel : dévotes /de.vɔt/)
  1. Attaché aux pratiques religieuses.
    Ce prince était dévot, généreux, équitable. — (Tristan, Panthée, I, 4.)
    C'est dans ce calme et le silence Que l’âme dévote s'avance Et que de l’Écriture elle apprend le secret. — (Pierre Corneille, Imit. I, 20.)
    Il est connu pour n'être pas dévot. — (Blaise Pascal, Provençal 7.)
    Pour être dévot, je n'en suis pas moins homme. — (Jean-Baptiste Poquelin, Tart. III, 3.)
    Il n'y a rien que je souhaitasse plus fortement que d’être dévote. — (Marquise de Sévigné, Lett. 5 févr. 1690.)
    Gardez toutes vos pratiques de dévotion, j'y consens, et je vous y exhorte même très fortement ; mais, avant que d’être dévot, je veux que vous soyez chrétien. — (Louis Bourdaloue, Pensées, t. I, p. 458.)
    Songez que, dès qu’on n'est pas assez dévot pour être capucin, il n'est rien de plus beau que de se faire tuer. — (Marquise de Maintenon, Lett. à M. d’Aubigné, 19 sept. 1672.)
  2. Qui a le caractère de la dévotion, en parlant des choses.
    Air dévot. Ardeur dévote.
    Lis un livre dévot, simple et sans éloquence Avec plaisir pareil Que ceux où se produit l’orgueil de la science En son haut appareil. — (Pierre Corneille, Imit. I, 5.)
    Un sermon où il apporte un zèle tout dévot. — (Blaise Pascal, dans COUSIN.)
    Rien n'est plus agréable et plus dévot que cette église souterraine [à Bethléem]. — (François René Chateaubriand, Itin. II, 150.)
    Il avait pris, à leur école, un certain jargon dévot dont il usait sans cesse. — (Jean-Jacques Rousseau, Confess. II.)
  3. Il se dit quelquefois par dénigrement, soit d’une mauvaise dévotion, soit de l’hypocrisie qui feint la dévotion.
    Louis XI fut un prince dévot et cruel.
    Moi dévote ! qui, moi ? m’écriai-je à mon tour, L’esprit blessé d’un terme employé d’ordinaire Lorsque d’un hypocrite on parle sans détour. — (Deshoulières, au P. de la Chaise.)
    Sais-tu bien cependant, sous cette humilité, L’orgueil que quelquefois nous cache une bigote, Alcippe, et connais-tu la nation dévote ? — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. X.)
    Celui qui depuis quelque temps à la cour était dévot et par là, contre toute raison, peu éloigné du ridicule, pouvait-il espérer de devenir à la mode ? — (Jean de la Bruyère, XIII.)
    De quoi n'est point capable un courtisan, dans la vue de sa fortune, si, pour ne pas la manquer, il devient dévot ? — (Jean de la Bruyère, ib.)
    Le courtisan autrefois avait ses cheveux, était en chausses et en pourpoint, portait de larges canons, et il était libertin [esprit fort] : cela ne sied plus ; il porte une perruque, l’habit serré, le bas uni, et il est dévot : tout se règle par la mode. — (Jean de la Bruyère, ib.)
    Car d’un dévot souvent au chrétien véritable La distance est deux fois plus longue, à mon avis, Que du pôle antarctique au détroit de Davis. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. XI.)

Locutions dérivées

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier

Nom commun

dévot /de.vɔ/ masculin (féminin : dévote /de.vɔt/, masculin pluriel : dévots /de.vɔ/, féminin pluriel : dévotes /de.vɔt/)
  1. Personne faisant montre de dévotion.
    Un dévot. Une dévote minutieuse.
    Ces dévots indiscrets dont le zèle incommode, Pour les rendre saints à leur mode, Leur forme une conduite et fait des lois à part, Au lieu de s'avancer par un secret mérite, Perdent ce qu’en commun dans la règle on profite, à force de vivre à l’écart. — (Pierre Corneille, Imit. III, 13.)
    Ces dévots à demi, sur qui la chair plus forte Domine encore en quelque sorte, Penchent à tous moments vers ses mortels appas. — (Pierre Corneille, ib. I, 6.)
    Il est de faux dévots ainsi que de faux braves. — (Jean-Baptiste Poquelin, Tart. I, 6.)
    Mais les dévots de cœur sont aisés à connaître : Jamais contre un pécheur ils n'ont d’acharnement ; Ils attachent leur haine au péché seulement. — (Jean-Baptiste Poquelin, ib.)
    Les dévots qui ont plus de zèle que de science. — (Blaise Pascal, dans COUSIN.)
    Il y a des dévots indiscrets qui ne croient jamais dire assez s'ils n'en disent trop. — (Thiers, Dissert. sur le portail de Reims, dans RICHELET.)
  2. Dans la dernière moitié du XVIIe siècle, dévot se prenait en mauvaise part pour faux dévot, hypocrite.
    Fâche-t-on un dévot, c’est Dieu qu’on fâche en lui ; Ces apôtres du temps, qui des premiers apôtres Ne nous font point ressouvenir, Pardonnent bien moins que nous autres. — (Deshoulières, au P. de la Chaise.)
    Un dévot est celui qui, sous un roi athée, serait athée. — (Jean de la Bruyère, XIII.)
    Les dévots ne connaissent de crime que l’incontinence ; parlons plus précisément, que le bruit ou les dehors de l’incontinence. — (Jean de la Bruyère, ib.)
    À force de voir la conduite des hommes, la lâcheté des braves, les faiblesses des philosophes, les bêtises des politiques, la fausseté des dévots, je suis parvenue à ne les pas plus estimer que les femmes, qui sont pourtant de jour en jour plus méprisables. — (Marquise de Maintenon, Lett. Card. de Noailles, 3 sept. 1710.)
    Les dévots fâchent le monde, et les gens pieux l’édifient. — (Pierre de Marivaux, Pays. parv. t. I, part. 1re, p. 98, dans POUGENS.)
  3. (Figuré) Homme dévoué à un homme, à une doctrine.
    Il est un des dévots de Descartes. Vous êtes un dévot de la philosophie moderne.

Mots dérivés