Démon

Origine

Du latin « 'daemon' », du grec « 'daimon' », génie bon ou mauvais.
  • API : /de.mɔ̃/
  • SAMPA : /de.mO~/

Nom commun

démon /de.mɔ̃/ masculin (féminin : démone /de.mɔn/, masculin pluriel : démons /de.mɔ̃/, féminin pluriel : démones /de.mɔn/)
  1. Dans le polythéisme ancien, génie, esprit bon ou mauvais.
    Que l’honneur de mon prince est cher aux destinées ! Que le démon est grand qui lui sert de support ! — (François de Malherbe, II, 7.)
    Que saurait enseigner aux princes Le grand démon qui les instruit. — (François de Malherbe, III, 2.)
    Or qu’en un saint ouvrage un saint démon m’appelle. — (Abbé Mathurin Régnier, Pœm. s.)
    Un plus puissant démon veille sur vos années. — (Pierre Corneille, Cinna, II, 1.)
    Leur chef nous a paru le démon des combats. — (Pierre Corneille, Tois. I, 2.)
    [Il] Respecterait en lui le démon de l’empire. — (Pierre Corneille, Pulch. III, 3.)
    Ô ciel ! quel bon démon devers moi vous envoie, Madame ? — (Pierre Corneille, Héracl. V, 2.)
    Que les hommes, les dieux, les démons et le sort Préparent contre nous un général effort. — (Pierre Corneille, Hor. II, 3.)
    Quel démon envieux M'a refusé l’honneur de mourir à vos yeux ? — (Jean Racine, Brit. II, 6.)
    Fatale furie Que le démon de Rome a formée et nourrie. — (Jean Racine, Mithr. V, 1.)
    Les trois Furies, les trois Parques, les mauvais démons, la roue d’Ixion sont des chimères absurdes. — (Voltaire, Dial. 23.)
    Platon avait imaginé les démons pour former une échelle par laquelle, de créature plus parfaite en créature plus parfaite, on montât enfin jusqu'à Dieu. — (Denis Diderot, Opin. des ancien phil. (philosophie antédiluvienne).)
  2. Le démon de Socrate, voix mystérieuse que Socrate disait lui parler et lui donner des conseils.
    On ne convient pas de ce qu’était ce génie, appelé ordinairement le démon de Socrate, d’un mot grec qui signifie quelque chose quitient du divin, conçu comme une voix secrète. — (Charles Rollin, Historique ancien t. IV, p. 359. Le Démon de Socrate, titre d’un livre où M. Lélut cherche à prouver que le démon de Socrate était, chez ce philosophe, une hallucination de l’ouïe.)
  3. Figuré
    La peine et la récompense sont les deux démons qui gouvernent les choses humaines. — (Louis-Guez de Balzac, Socr. chrét. disc. 10.)
    Deux démons à leur gré partagent notre vie, Et de son patrimoine ont chassé la raison […] J'appelle l’un amour et l’autre ambition. — (Jean de la Fontaine, Fabl. X, 10.)
  4. Dans la religion chrétienne, les diables, les esprits malins, par opposition aux anges.
    Que les démons et ceux qui les adorent Soient à jamais détruits et confondus ! — (Jean Racine, Esth. II, 9.)
    C'est une étrange vision, Et cependant, ange ou démon, J'ai vu partout cette ombre amie. — (Alfred de Musset, Poésies nouv. Nuit de décembre.)
  5. Le diable, Satan, prince des démons, et principe du mal.
    Les ruses du démon.
    Et bravant du démon l’impuissant artifice, De la religion soutient tout l’édifice. — (Jean Racine, Esth. prol.)
    Vous irez crier partout qu’il faut être organe du démon pour vous imputer des choses dont il n'y a ni marque ni vestige dans vos livres. — (Blaise Pascal, Provençal 15.)
  6. Démon du midi, sorte de démon, signalé dans la Bible, et, par extension, nom donné à Philippe II, roi d’Espagne, à cause du mal qu’il faisait et de sa résidence dans un pays du midi.
  7. Figuré et familièrement, avoir de l’esprit comme un démon, avoir beaucoup d’esprit.
  8. Personne méchante qui se plaît à tourmenter les autres.
    Cet homme est un vrai démon, un démon incarné.
  9. Faire le démon, faire du bruit, s’emporter.
  10. Fairel le petit démon, même sens, avec cette nuance qu’il s’agit alors de quelque résistance de la part d’une jeune femme, d’un jeune homme, résistance qu’on veut caractériser d’une façon aimable.
    Votre esprit contre moi fait le petit démon. — (Molière, l'Étour. I, 10.)
    Il a fait le petit démon quand je lui ai dit que vous m’aviez envoyé de l’argent pour lui, il n'en a que faire. — (Marquise de Sévigné, 157.)
  11. Faire le démon, se dit aussi en bonne part, en parlant d’une résistance ou d’une attaque honorable.
    Le maréchal de Créqui fait toujours le démon dans Trèves [assiégée]. — (Marquise de Sévigné, 214.)
  12. Il se dit d’un enfant vif et malin.
    C'est un petit démon.
  13. Comme un démon, se dit sans y attacher nécessairement de mauvaise idée, pour signifier impétuosité, ardeur, violence, etc.
    Le petit-fils de St-Hérem, qui courait comme un démon à cheval avec le comte de Toulouse, tomba et fut trois heures sans connaissance. — (Marquise de Sévigné, 471.)
  14. La cause de l’inspiration, des impulsions bonnes ou mauvaises.
    Le démon de la guerre, des combats.
    Que faisonsnous, Romains ? Dit-il, et quel démon nous fait venir aux mains ? — (Pierre Corneille, Hor. I, 3.)
    Quel démon vous irrite et vous porte à médire ? — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. IX.)
    Dès lors que son démon commence à l’agiter, Tout, jusqu'à sa servante, est prêt à déserter. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. VIII.)
    Eh ! que serait-ce donc si le démon du jeu Versait dans son esprit sa ruineuse rage ? — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. X.)
    Térence n'est pas possédé de ce démon-là. — (Denis Diderot, Sur Térence.)
    Celui qu’un vrai démon [l'inspiration] presse, enflamme, domine, Ignore un tel supplice, il pense, il imagine. — (André Chénier, 12.)

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier

Voir aussi