Digne

Origine

du latin dignus.
  • API : /diɲ/
  • SAMPA : /diJ/

Adjectif

digne /diɲ/
  1. Qui mérite, en parlant des personnes.
    Il est digne de récompense. Digne d’être admiré.
    Il est faux que nous soyons dignes que les autres nous aiment ; il est injuste que nous le voulions. — (Blaise Pascal, Pensées, art. XXIV, 56, éd. Lahure, 1860.)
    Approchez, ô vous qui courez avec tant d’ardeur dans la carrière de la gloire, âmes guerrières et intrépides ; quel autre fut plus digne de vous commander ? — (Jacques-Bénigne Bossuet, Louis de Bourbon.)
    Digne de notre encens et digne de nos vers. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. VII.)
    Je mourais ce matin digne d’être pleurée. — (Jean Racine, Phèd. III, 3.)
    Jamais femme ne fut plus digne de pitié. — (Jean Racine, ib. II, 5.)
  2. Qui mérite, en parlant des choses.
    Conduite digne d’éloges. Langage digne d’être applaudi. Exemple digne d’imitation.
    Il t’offre une oraison, il t’offre des louanges, Dignes de se mêler à celles de tes anges. — (Pierre Corneille, Imit. III, 48.)
  3. Digne de créance, digne de foi, se dit des personnes et des choses.
  4. En mauvaise part.
    Il est digne de punition, de mépris. Cette action est digne d’un châtiment.
    Car c’en est une [trahison] enfin bien digne de supplice Qu'avoir d’un tel secret donné le moindre indice. — (Pierre Corneille, Héracl. II, 1.)
    Et toutes les hauteurs de sa folle fierté Sont dignes tout au plus de ma sincérité. — (Molière, F. savantes, I, 3.)
    Voilà le digne fruit de tant de travaux et, dans le comble de leurs vœux, la conviction de leur erreur ; venez, rassasiez-vous, grands de la terre, saisissez-vous, si vous pouvez, de ce fantôme de gloire, à l’exemple de ces grands hommes que vous admirez. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Louis de Bourbon.)
    Qu'elle nous parut au-dessus de ces lâches chrétiens qui s’imaginent avancer leur mort quand ils préparent leur confession ; qui ne reçoivent les saints sacrements que par force ; dignes certes de recevoir pour leur jugement ce mystère de piété qu’ils ne reçoivent qu’avec répugnance ! — (Jacques-Bénigne Bossuet, Duch. d’Orléans.)
  5. Absolument.
    Honnête, honorable ; en ce sens digne se met toujours avant son substantif. Un digne homme. Un digne magistrat.
    Et demandons aux dieux, nos dignes souverains […] — (Pierre Corneille, Nicom. V, 10.)
    Rodrigue aime Chimène, et ce digne sujet De ses affections est le plus cher objet. — (Pierre Corneille, Cid, I, 7.)
    Quand je semais partout la terreur et l’effroi, J'étais un grand héros, j'étais un digne roi. — (Pierre Corneille, Perthar. I, 4.)
    Que pouvait penser le prince, si ce n'est que, pour accomplir les plus grandes choses, rien ne manquerait à ce digne fils que les occasions ? — (Jacques-Bénigne Bossuet, Louis de Bourbon.)
    Paraissez, cher enfant, digne sang de nos rois. — (Jean Racine, Athal. V, 5.)
    Il se jeta au milieu d’une colonne romaine, où il périt en digne fils d’Amilcar et en digne frère d’Annibal. — (Charles Rollin, Historique ancien Œuvres, t. I p. 460, dans POUGENS.)
    Dis-leur que j'ai donné la mort la plus affreuse à la plus digne femme, à la plus vertueuse. — (Voltaire, Zaïre, V, 10.)
  6. Capable.
    C'est un digne sujet.
    Et s’il n'avait laissé dans de si dignes mains L'infaillible secret de vaincre les Romains. — (Pierre Corneille, Nic. III, 2.)
  7. Cependant, si digne, en ces emplois, est modifié par quelque autre mot, on peut le mettre après son substantif.
    Quand, à la fin du repas, il [Pierre 1er] vit son portrait qu’on venait de peindre, placé tout d’un coup dans la salle, il sentit que les Français savaient mieux qu’aucun peuple du monde recevoir un hôte si digne. — (Voltaire, Historique de Russie, II, 8.)
  8. On le dit aussi des choses ; et alors digne se met encore après son substantif.
    Une conduite digne. Rien de plus digne que sa conduite.
  9. Convenable, mérité ; il se met en ce sens, avant son substantif.
    On regarde sa mort comme un digne supplice. — (Pierre Corneille, Tois. d’or, IV, 1.)
    Choisissez-lui, Lépide, un digne appartement. — (Pierre Corneille, Pomp. III, 4.)
    Digne emploi d’un ministre […] — (Jean Racine, Brit. III, 3.)
    Digne objet de leur crainte. — (Jean Racine, Andr. I, 4.)
    Le plus froid mépris De vos caprices vains sera le digne prix. — (Voltaire, Zaïre, IV, 2.)
    Vous daignâtes bientôt, soit grandeur, soit pitié, Soit plutôt digne effet d’une pure amitié […] — (Voltaire, ib. II, 2.)
  10. Qui est en rapport, qui a de la convenance, de la conformité avec.
    Il montra partout une vertu digne de sa naissance.
    Si je n'eusse produit un fils digne de moi, Digne de son pays et digne de son roi. — (Pierre Corneille, Cid, II, 9.)
    Mais si par d’autres soins plus dignes de mon âge. — (Jean Racine, Baj. III, 2.)
    Songez-y donc, madame, et pesez en vous-même Ce choix digne des soins d’un prince qui vous aime, Digne de vos beaux yeux trop longtemps captivés, Digne de l’univers à qui vous le devez. — (Jean Racine, Brit. II, 3.)
  11. Il régit que avec le subjonctif.
    Il est bien digne que vous fassiez quelque chose pour lui. Il n'était pas digne qu’on fît quelque chose pour lui. Êtes-vous digne qu’on fasse quelque chose pour vous ?
  12. Grave, réservé, fier, en parlant du ton, des manières ; digne se met alors toujours après son substantif.
    Avoir, prendre un air digne.
    C'était une personne froide, digne, silencieuse. — (Anne Staël-Holstein, Corinne, XIV, 1.)
  13. Il se dit quelquefois, par dénigrement, d’une affectation d’importance.
    Elle a un petit air digne qui me déplaît.

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier

Voir aussi