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Cours
Origine
- (nom) du latin cursus, de currere (voir aussi 'cour').
- API : /kuʁ/ ; ;
- SAMPA : /kuR/ ; /kuʁ/ ; /kuʁ/
Nom commun
cours /kuʁ/ féminin pluriel
- Action de courir, cheminement, progrès, au propre et au figuré.
- Que d’un cours si rapide La victoire vous ait ramené dans l’Aulide. — (Jean Racine, Iphig. I, 2.)
- C'est pour vous qu’on l’a vu, vainqueur de tant de princes, D'un cours impétueux traverser nos provinces. — (Jean Racine, Alex. II, 1.)
- Un entretien dont le cours m’importune. — (Jean Racine, Bérén. I, 3.)
- Et pour trancher le cours de leurs dissensions. — (Pierre Corneille, D. Sanche, I, 2.)
- Pour rompre le cours à toutes les dépenses. — (Molière, le Bourg. V, 2.)
- Il faut, dis-je, pour rompre à toute chose cours […] — (Molière, l'Étour. I, 9.)
- Il a arrêté le cours d’une corruption publique. — (Blaise Pascal, Provençal 8.)
- La violence et la vérité ne peuvent rien l’une sur l’autre […] La violence n'a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque. — (Blaise Pascal, ib. 12.)
- Quand ce grand Dieu a choisi quelqu'un pour être l’instrument de ses desseins, rien n'en arrête le cours. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Reine d’Anglet.)
- Hé quoi ! votre courroux n'a-t-il pas eu son cours ? — (Jean Racine, Andr. I, 4.)
- J'ai cru que votre amour allait finir son cours. — (Jean Racine, Bérén. V, 7.)
- De mes inimitiés le cours est achevé. — (Jean Racine, Andr. I, 1.)
- Des exemples qui arrêtent le cours de l’iniquité. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XII.)
- Toutes ses passions reprirent leurs cours. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, ib. XVI.)
- Interrompre le cours d’une chose : l’arrêter, l’empêcher.
- Les plaisirs dont jamais le moindre remords n'a interrompu le cours. — (Blaise Pascal, Provençal 4.)
- C'est ce qui nous apprend parfaitement la dépendance perpétuelle où nous sommes de Dieu, puisque, s’il en interrompt tant soit peu le cours, la sécheresse survient nécessairement. — (Blaise Pascal, Lettre à Mme Périer, 5 nov. 1648.)
- De combien de soupirs interrompant le cours, Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours ! — (Jean Racine, Brit. III, 7.)
- Je te vis […] Toujours de ma fureur interrompre le cours. — (Jean Racine, Andr. I, 1.)
- Mais un trouble importun vient, depuis quelques jours, De mes prospérités interrompre le cours. — (Jean Racine, Ath. II, 5.)
- (Marine)
- Voyage de long cours, par opposition au cabotage qui se fait sans presque quitter la côte, tandis qu’on s’en éloigne tous les jours dans le voyage de long cours.
- On est généralement plus longtemps à se rendre de Dunkerque à Cette que de Nantes à Terre-Neuve ; mais, quelle que soit la durée du voyage, le premier est nommé cabotage ou grand cabotage, et l’autre long cours. — (Legoarant., François de Salignac de La Mothe FÉNELON (1651-1715))
- Capitaine au long cours, celui qui commande les navires qui font le long cours.
- (Filature) L'allée et la venue de la navette, dans les fabriques de soie.
- Mouvement réel ou apparent des astres.
- Que puisses-tu, grand soleil de nos jours, Faire sans fin le même cours ! — (François de Malherbe, III, 4.)
- Je n'entends point le cours du ciel ni des planètes. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. III.)
- L'astre qui commence son cours. — (Jean Racine, Hymne.)
- Son char vide [du soleil] faisait son cours ordinaire. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. II.)
- Mouvement d’écoulement, et aussi étendue que parcourt le fleuve, etc.
- Cette rivière a un cours rapide. Les rivières ne sont guère navigables que dans la dernière moitié de leur cours.
- Une rivière dont le cours, Image d’un sommeil doux, paisible et tranquille, Lui fit croire d’abord ce trajet fort facile. — (Jean de la Fontaine, Fabl. VIII, 23.)
- Les bateaux qui suivent le cours d’une rivière. — (René Descartes, Monde, 10.)
- Les paroles de Mentor étaient semblables à ces paroles enchantées qui calment la mer irritée, font taire les vents et les flots, et suspendent le cours des fleuves. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XI.)
- Le commerce est comme certaines sources ; si vous voulez détourner leur cours, vous les faites tarir. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, ib. III.)
- Sur un ruisseau rapide Vers la France entraîné, Il s’assied l’œil humide Et le front incliné ; Dans ces champs qu’il regrette, Il sait qu’en peu de jours, Ces flots que rien n'arrête Promèneront leur cours. — (Pierre Jean de Béranger, Exilé.)
- Un cours d’eau : un ruisseau, une rivière, un fleuve.
- Les grands cours d’eau qui traversent l’Amérique méridionale.
- Donner cours à l’eau : lui procurer de l’écoulement.
- Donner cours à ses larmes : les laisser couler.
- De ses premiers sanglots laissez passer le cours. — (Jean Racine, Bérén. III, 2.)
- Pleurons et gémissons, mes fidèles compagnes ; à nos sanglots donnons un libre cours. — (Jean Racine, Esth. 5.)
- (Figuré) Donner cours à ses transports, à sa fureur.
- Et laisse-moi, de grâce, attendant Émilie, Donner un libre cours à ma mélancolie. — (Pierre Corneille, Cinna, III, 2.)
- Je veux pour donner cours à mon ardente haine […] — (Jean Racine, Théb. IV, 1.)
- Nos habitudes ouvrent nos organes et donnent aux esprits un cours facile et prompt. — (Vauvenargues., Pénétration.)
- Prendre son cours, se dit d’une eau qui prend sa pente. Et fig. avoir origine.
- Et de là prend son cours mon déplaisir secret. — (Pierre Corneille, Cid, I, 2.)
- La source d’où la grâce a pris son cours. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Dév. 1.)
- Laisser passer le cours, attendre qu’une eau soit écoulée ; et fig. attendre que quelque chose ait cessé.
- Ulysse […] De ce premier torrent laissa passer le cours. — (Jean Racine, Iphig. I, 1.)
- Par comparaison avec le cours d’un fleuve, on dit le cours d’une chaîne de montagnes.
- L'idée qu’il avait d’établir le véritable cours de la ligne des montagnes qui commence à la mer Noire, va parallèlement au Danube jusqu'au mont St-Gothard et continue jusqu'à la Méditerranée. — (Bernard le Bouyer de Fontenelle, Marsigli.)
- Par analogie :
- Le cours du sang. Il faut que cette humeur ait son cours.
- Je voudrais que du ciel le barbare secours De mon sang dans mon cœur eût arrêté le cours. — (Voltaire, Zaïre, III, 3.)
- Cours de ventre : diarrhée.
- Développement, enchaînement.
- Le cours des saisons, des événements.
- Je lui prête mon bras sans engager mon âme ; Je m’abandonne au cours de sa félicité, Tandis que tous mes vœux sont pour la liberté. — (Pierre Corneille, Sertor. III, 2.)
- Les choses quelquefois prennent un autre cours. — (Pierre Corneille, Nicom. IV, 5.)
- […] Mon sang rompt le cours du mal que j'avais fait. — (Pierre Corneille, ib. V, 10.)
- J'observe comme vous cent choses tous les jours, Qui pourraient mieux aller prenant un autre cours. — (Molière, Mis. I, 1.)
- Ils ne peuvent prévoir le cours que prendra l’avenir. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique III, 7.)
- Ce serait à moi qu’il se faudrait prendre du cours qu’ont pris vos deux lettres. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Lett. quiét. 141.)
- Il n'y a qu’à laisser aller les choses leur cours naturel. — (Jean-Baptiste Massillon, Car. F. conf.)
- Il suit le cours des révolutions humaines. — (Jean-Baptiste Massillon, ib. Voc.)
- Laissant au hasard le cours des siècles et des saisons. — (Jean-Baptiste Massillon, Av. Noël.)
- Vous ne sauriez […] Conter vos malheurs sans conter mon histoire ; Et lorsque, ce matin, j'en écoutais le cours, Mon cœur vous répondait tous vos mêmes discours. — (Jean Racine, Mithr. II, 6.)
- Désormais que ma muse, aussi bien que mes jours, Touche de son déclin l’inévitable cours. — (Jean de la Fontaine, Poésies mêlées, LXIX.)
- Quand on est au cours des plus grandes affaires, rarement tombe-t-on dans certaines petitesses. — (Vauvenargues., Sujétion de l’esprit.)
- Durée.
- La nuit est au milieu de son cours. Le cours de notre existence. Dans le cours de la guerre.
- J'en romprai bien le cours [de sa vie]. — (Pierre Corneille, Hor. III, 6.)
- Dans le cours d’une seule journée Je suis Héraclius, Léonce et Martian. — (Pierre Corneille, Héracl. V, 6.)
- Mais enfin ce héros, sujet au cours des ans, A trop longtemps vaincu pour vaincre encor longtemps. — (Pierre Corneille, Sertor. II, 1.)
- Tout est vain en l’homme si nous regardons le cours de sa vie mortelle. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Duch. d’Orl.)
- Puisqu'à l’âge de 99 ans j'ai assez vécu pour connaître les hommes, et que j'ai vu pendant ce cours toute sorte de personnes. — (Jean de la Bruyère, Théophr. Av. propos.)
- Dans le cours d’environ trente ans, Marivaux donna sur la scène française et sur la scène italienne environ trente pièces, qu’il partagea à peu près également entre les deux théâtres. — (Jean le Rond D'Alembert, Éloges, Marivaux.)
- Cours de la lune : le temps qui s’écoule depuis le premier quartier jusqu'à la pleine lune.
- On dit qu’une maladie a son cours quand elle passe inévitablement par certaines périodes.
- Je pense qu’il fallait que le mal eût son cours. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. XIII.)
- Il faut que le reste [du mal] ait son cours, et nous comptons sur trois semaines. — (Marquise de Sévigné, 245.)
- Enseignement suivi sur une matière.
- Suivre un cours de chimie, d’algèbre, de littérature.
- Apprenez, ma fille ; faites votre cours [de médecine]. — (Marquise de Sévigné, 387.)
- Outre les leçons publiques, M. Chirac faisait chez lui des cours particuliers. — (Bernard le Bouyer de Fontenelle, Chirac.)
- Traité spécial sur un enseignement.
- Ce professeur a publié un cours de philosophie.
- Études universitaires.
- Ce jeune homme a fini ses cours.
- Ancien terme de jurisprudence. Recueil de lois, de canons. Cours civil. Cours canonique.
- Circulation, crédit.
- Cette monnaie n'a plus cours. Donner cours forcé aux billets, obliger de les recevoir comme argent.
- Une monnaie de cuivre qui avait cours il y a deux mille ans. — (Charles-Louis de Secondat Montesquieu, Lett. pers. 142.)
- Semblable à une monnaie qui n'a point de cours. — (Ja Bruy., I.)
- Par extension, se dit des écrits ou idées qui ont circulation et crédit.
- Plusieurs copies qui eurent cours par la ville. — (Antoine Hamilton, Gramm. 11.)
- Ces ouvrages [de parti] ont cela de particulier qu’ils ne méritent ni le cours prodigieux qu’ils ont pendant un certain temps, ni le profond oubli où ils tombent. — (Jean de la Bruyère, I.)
- Les choses qui ont cours [qui sont usuelles]. — (Jean de la Bruyère, XIII.)
- Un ouvrage qui n'ait nul cours [nulle vogue]. — (Jean de la Bruyère, XII.)
- Jusqu'à ce qu’ils aient vu le cours que l’ouvrage aura dans le monde. — (Jean de la Bruyère, I.)
- Les erreurs qui ont aujourd'hui cours dans le monde. — (Jean-Baptiste Massillon, Myst. Visit.)
- Il m’apprend un jargon qui a cours dans l’Europe. — (Voltaire, Amabed, 1.)
- En général la satire a peu de cours dans les grandes villes. — (Jean-Jacques Rousseau, Hél. II, 9.)
- Donner cours à une monnaie, à un papier ; et, par extension, donner cours à un bruit, à une opinion.
- Le commerce de tant de peuples divers, autrefois étrangers les uns aux autres, et depuis réunis sous la domination romaine, a été un des principaux moyens dont la Providence se soit servie pour donner cours à l’Évangile. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique III, 1.)
- Les manières polies donnent cours au mérite. — (Jean de la Bruyère, V.)
- (Commerce) Valeur sur le marché.
- Acheter des marchandises au cours de la place ou du marché.
- Rien n'eut cours ni crédit. — (Jean de la Fontaine, Fabl. VII, 14.)
- Figuré
- C'est le cours du marché des affaires humaines. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. XII.)
- La vertu […] Se transforme aux humeurs, suit le cours du marché. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. V.)
- (Bourse) Le cours est ouvert.
- Le cours du change, de la rente, des obligations. Les cours sont élevés, les fonds sont en hausse.
- Puisque le change, dans son cours, éprouve nécessairement des hausses et des baisses alternatives, il est évident que les marchands, tour à tour, donneront tantôt une plus grande somme pour une plus petite, tantôt une plus petite pour une plus grande. — (Etienne Bonnot de Condillac, Comm. gouv. I, 17.)
- Cours moyen, cours également distant du plus haut et du plus bas de la bourse courante.
- Acheter de la rente au cours moyen.
- L'étendue d’une chose en longueur.
- Une tapisserie de dix mètres de cours.
- (Architecture) Cours de plinthe, plinthe de pierre ou de plâtre continuée dans les murs de face, à l’effet de marquer la continuation des étages.
- Cours de pannes : réunion de toutes les pannes pour faire la longueur du comble.
- Cours d’assise : rang continu de pierres dans une bâtisse.
- Lieu agréable qui est un rendez-vous pour se promener à certaines heures à cheval ou en voiture, et qui est ordinairement en dehors de la ville.
- Au XVIIe siècle, le cours du mardi gras se tenait au bout du faubourg St-Antoine.
- Hyde-Park, comme on sait, est le cours de Londres. — (Antoine Hamilton, Gramm. 7.)
- Il se promène avec des femmes à la plaine ou au cours. — (Jean de la Bruyère, VII.)
- En revenant à Paris, nous trouvâmes au cours presque toutes les filles de qualité à marier. — (Louis de Rouvroy, 28, 72.)
- Nom de promenades publiques dans des villes.
- (Liturgie) Cours ecclésiastique : heures canoniales ou bréviaire.
Mots apparentés
Traduction
- bourguignon : cor de ventre
- allemand : Ablauf masculin ; Kolleg neutre ; Kurs masculin ; Kursus masculin ; Lauf masculin ; Lehrbetrieb masculin ; Lehrgang masculin ; Schulunterricht masculin ; Sprachkurs masculin ; Unterricht masculin ; Verlauf masculin
- espagnol : curso
- italien : corso
- provençal : cors
Verbe
cours /kuʁ/
- Deuxième personne du singulier du présent de l’impératif
- Première personne du singulier du présent de l’indicatif
- Deuxième personne du singulier du présent de l’indicatif de courir
Voir aussi
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