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Chute
Origine
- (nom) Saintonge, chéte Cheute, aujourd'hui chute, est le féminin du participe cheüt, aujourd'hui chu ;cheoite n'y déroge pas, car, au lieu de cheüt, on a dit aussi dans l’ancien français cheoit. La plupart des autres langues romanes ont usé semblablement de ce participe passé.
- API : /ʃyt/ ;
- SAMPA : /Syt/ ; /Syt/
Nom commun
chute /ʃyt/ féminin ( féminin pluriel : chutes /ʃyt/)
- Action de choir, de tomber.
- La chute d’une tour.
- Débile et mal remis encor de la faiblesse Où ma perte de sang et ma chute me laisse. — (Jean de Rotrou, Vencesl. IV, 2.)
- Cette allée nous a fait souvenir de la chute que vous y fîtes un jour. — (Marquise de Sévigné, 70.)
- … la chute du ciel ne pourrait l’ébranler [ma fidélité]. — (Pierre Corneille, Cinna, V, 3.)
- (Physique) Chute des corps, mouvement des corps vers la terre, qui est déterminé par l’action de la pesanteur, et qui a pour caractères essentiels de s’effectuer selon la ligne verticale et d’être accéléré.
- La chute des feuilles, séparation des feuilles d’avec l’arbre ; saison où elles s’en détachent.
- Ce poitrinaire mourra à la chute des feuilles.
- Je comptais à peine dix-sept chutes de feuilles, lorsque […] — (François René Chateaubriand, Atala, 211.)
- Séparation de certaines parties d’avec le corps. Chute des cheveux, des dents, des ongles, des eschares, des croûtes sèches.
- Cataracte, chute d’eau, masse d’eau qui tombe d’une certaine hauteur.
- C'est une chute d’eau puissante qui fait mouvoir ce moulin.
- La chute du Niagara.
- Si vous voulez nous suivre, nous campons au bord de la chute. — (François René Chateaubriand, Atala, 317.)
- (Ponts) et chaussées. Différence de hauteur entre les niveaux de deux biefs consécutifs d’un canal ou d’une rivière.
- Mur de chute, mur construit en aval des portes d’amont d’une écluse à sas, pour racheter la différence de niveau.
- (Horticulture) Raccordement, qui se fait par des perrons ou par des gazons en glacis, de deux terrains qui ne sont pas de niveau.
- (Théâtre) La chute du rideau, la toile qui descend ; et aussi, la fin du spectacle. Par extension, la réplique qui complète une blague.
- Nous partîmes avant la chute du rideau.
- (Médecine) Déplacement qui porte un organe au-dessous de sa position normale.
- La chute de la luette, de l’utérus.
- La chute des reins, le bas du dos.
- La duchesse de Bourgogne revint, les épaules, les bras, le sein découverts, la chute des reins bien marquée. — (Louis de Rouvroy, 2, 235.)
- (Architecture) Chute de festons et d’ornements, bouquets pendants de fleurs ou de fruits. Chute d’un toit, pente ou égout.
- (Marine). Hauteur verticale d’une voile quand elle est tendue.
- (Pêche). La hauteur d’un filet quand il est tendu.
- La chute du jour, le moment où le jour diminue.
- Baisse considérable du cours des rentes, des actions, des effets publics, etc.
- La chute de la rente.
- Comment vous trouvez-vous des trois vingtièmes et de la chute des actions sur les fermes ? — (Voltaire, Lettres, Mme de Fontaine, 5 novembre 1759.)
- (Figuré) Disgrâce qui fait tomber une personne ou une institution.
- Quand il [le ciel] élève un trône, il en venge la chute. — (Pierre Corneille, Cinna, III, 4.)
- Vous eussiez pu tomber, mais tout couvert de gloire, Votre chute eût valu la plus haute victoire. — (Pierre Corneille, Pompée, III, 2.)
- En vous qui de sa chute êtes l’unique auteur. — (Pierre Corneille, Nicom. IV, 5.)
- Il te peut en tombant écraser sous sa chute. — (Pierre Corneille, Cinna, I, 1.)
- Et tout le peuple même avec dérision De ma chute certaine en tirait le présage. — (Jean Racine, Esther, III, 1.)
- La chute désormais ne peut être qu’horrible. — (Jean Racine, ib.)
- Cet esprit d’imprudence et d’erreur, De la chute des rois funeste avant-coureur. — (Jean Racine, Ath. I, 2.)
- Par une belle chute il faut me signaler. — (Jean Racine, Baj. IV, 7.)
- Je vous prie de considérer avec une attention plus particulière la chute des Juifs dont toutes les circonstances rendent témoignage à l’Évangile. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique II, 8.)
- Insensible à sa chute et grand dans ses misères. — (Voltaire, Zaïre, II, 1.)
- Biron […] Un trépas si fameux, une chute si belle Rendait [eût rendu] de ta vertu la mémoire immortelle. — (Voltaire, Henr. VIII.)
- Et tombent avec eux d’une chute commune Tous ceux que leur fortune Faisait leurs serviteurs. — (François de Malherbe, I, 3.)
- J'avais prévu ma chute en montant sur le faîte. — (Jean de la Fontaine, Fabl. X, 10.)
- Il marque les différentes erreurs qui s’étaient élevées, et le temps de leur chute aux pieds de la foi. — (L'Abbé Houteville, dans DESFONTAINES.)
- La nouvelle Babylone, orgueilleuse de ses trois cents triomphes, tombe d’une chute immense. — (Jean de la Fontaine, ib.)
- Qui m’anime moi-même à la chute de Troie. — (Lamotte, ib.)
- Mauvais succès d’une pièce de théâtre.
- [Laharpe] Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique Tomba de chute en chute au trône académique. — (Nicolas Gilbert, Apologie.)
- J'ai soixante et six ans, et je ne veux plus mourir de la chute d’une pièce de théâtre. — (Voltaire, Lett. d’Argental, 11 janv. 1760.)
- Il y a force tragédies, force comédies ; vous aurez le plaisir de voir des succès et des chutes. — (Voltaire, Lett. d’Argental, 10 déc. 1762.)
- (Théologie) Faute entraînant la perte des mérites devant Dieu.
- La chute des anges. La chute du premier homme.
- Le crime d’être un sujet de chute à ses frères. — (Jean-Baptiste Massillon, Petit Car. Vices.)
- Le coup encore frais de ma chute passée Me doit avoir appris à me tenir debout. — (François de Malherbe, I, 4.)
- Tremblez, âmes réconciliées, qui renoncez si souvent à la grâce de la pénitence, tremblez, puisque chaque chute creuse sous vos pas de nouveaux abîmes. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Anne de Gonz.)
- Par extension, action répréhensible.
- Dans le crime il suffit qu’une fois on débute ; Une chute toujours attire une autre chute. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. X.)
- (Rhétorique) Le trait, la pensée qui termine une pièce de vers.
- La chute en est jolie, amoureuse, admirable. — (Molière, Mis. I, 2.)
- Vous daignez employer dans les chutes des strophes les trois petits vers de trois pieds. — (Voltaire, Roi de Prusse, 87.)
- Les mêmes nombres et les mêmes chutes mettent de l’ennui dans un long poëme. — (Charles-Louis de Secondat Montesquieu, Goût, variété.)
- Si bien que, comme l’auditeur prévoit d’ordinaire cette chute qui doit arriver, il va au-devant de celui qui parle, et le prévient, marquant, comme en une danse, la chute avant qu’elle arrive. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Longin, 33.)
- On aurait beau montrer ses vers tournés sans art, Seuls et jetés par ligne exactement pareille, De leur chute uniforme importunant l’oreille. — (Nicolas Gilbert, XVIIIe siècle.)
- La chute d’une période, le dernier membre.
- (Musique) Terminaison d’une pensée musicale.
- (Astrologie) Signe où une planète a moins de vertu et d’influence.
- (Horlogerie) Petit arc que parcourt la roue quand une de ses ailes quitte le pignon sur lequel elle engrène, et qu’une autre aile tombe sur la suivante.
Synonymes
Mots apparentés
Traduction
- bourguignon : cheute
- catalan : cagguda
- allemand : Abfallen neutre ; Absturz masculin ; Fall masculin ; Herunterfallen neutre ; Regenfall masculin ; Sturz masculin
- anglais : cadence ; collapse ; downfall ; punchline
- espagnol : caida
- italien : caduta
- provençal : cazuta
- portugais : cahida
Verbe
chute /ʃyt/
- Deuxième personne du singulier du présent de l’impératif # Première personne du singulier du présent de l’indicatif # Troisième personne du singulier du présent de l’indicatif de chuter
Voir aussi
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