Biais

Origine

Diez le tire de bifax, bifacius qui vient de bis (deux) et facies (face).
Précision Littré 1863 : bifax est dans Isidore avec cette signification : duos habens obtutus (ayant un double regard, louche), comme l’espagnol bis-ojo (qui a deux yeux, louche). De là au sens d’oblique on voit sans peine le passage. La suppression de l’f ne fait pas obstacle : car on en a des exemples dans le provençal refusar et reusar, le français « refuser » et « reüser », et encore dans le provençal preon de profundus. Bifax n'est pas isolé dans la basse latinité ; on y trouve befax, bifacius, bifacies. Ce mot est un adjectif tout comme « biais », comme on le voit dans l’historique et dans la phrase provençale : via biayssa (voie biaise).
  • API : /bjɛ/
  • SAMPA : /bjE/

Nom commun

biais /bjɛ/ masculin
  1. Obliquité, ligne ou sens oblique.
    Ce mur présente un biais. Cette allée a un biais.
  2. (Figuré)
    Le mauvais goût est une fausseté de jugement, un biais naturel dans les idées. — (François René Chateaubriand, Génie, III, IV, 5.)
    Sans cet art, mon âme se pliant avec peine à des biais chimériques, l’illusion ne serait que momentanée. — (Denis Diderot, Éloge de Richardson.)
  3. Différentes faces d’une chose, côtés d’un caractère.
    Pour s'accoutumer à regarder de ce biais toutes les choses. — (René Descartes, Méth. 3.)
    Vous me défendez mieux que je ne saurais faire Et du biais qu’il faut vous prenez cette affaire. — (Jean-Baptiste Poquelin, Sgan. 21.)
    Voyons, voyons un peu par quel biais, de quel air[…] — (Jean-Baptiste Poquelin, Mis. IV, 3.)
    Vous avez pris le bon biais pour toucher son cœur. — (Jean-Baptiste Poquelin, Bourg. III.)
    Je vois de quel biais on se doit prendre à faire[…] — (René Descartes, Méth.)
    Il n'y a point d’esprit faux dont on n'eût tiré des talents utiles, en le prenant d’un certain biais. — (Jean-Jacques Rousseau, Hél. V, 3.)
  4. Moyens détournés qu’on emploie pour réussir.
    Nous n'aurions pas besoin maintenant de rêver à chercher les biais que nous devons trouver. — (Jean-Baptiste Poquelin, l'Étour. I, 2.)
    J'ai donc cherché longtemps un biais de vous donner La beauté que les ans ne peuvent moissonner. — (Jean-Baptiste Poquelin, F. sav. III, 6.)
    Et comme pour résoudre avec votre maîtresse Des biais qu’on doit prendre à terminer vos vœux. — (Jean-Baptiste Poquelin, l'Étour. IV, 1.)
    Mais encore une fois, madame, je ne sais point le biais de faire entrer ici des vérités si hautes. — (Jean-Baptiste Poquelin, Ép. dédic. de la Crit. de l’Éc. des f.)
    On a cent biais pour le rendre public. — (Louis Bourdaloue, Avent. Sur l’évang. 417.)
    Ils sont morts avant qu’on ait bien concerté le biais qu’il faut prendre pour les avertir qu’ils doivent mourir. — (Esprit Fléchier, Serm. I, 174.)
    Je ne sais quel biais ils ont imaginé. — (Jean Racine, Plaid. I, 7.)

Synonymes

Mots apparentés

Mots dérivés

TraductionDéplier / Replier

Adjectif

biais /bjɛ/ masculin (féminin : biaise /bjɛz/)
  1. Qui est de biais.
    Un pont biais.

Voir aussi