Inouï

Origine

du préfixe in- et ouï.
On a dit parfois, au XVIe siècle, inaudite, du latin inauditus.
  • API : /i.nwi/
  • SAMPA : /inwi/

Adjectif

inouï /i.nwi/ masculin (féminin : inouïe /i.nwi/, masculin pluriel : inouïs /i.nwi/, féminin pluriel : inouïes /i.nwi/)
  1. (Vieux) Qu'on n'a pas ouï.
    Cette façon de parler est sans doute de quelque province de France ; car elle est inouïe à la cour, et même il ne me souvient pas de l'avoir ouï dire dans les villes. — (Claude Favre de Vaugelas, Remarque t. II, p. 663, dans POUGENS.)
  2. (Vieux) Dont on n'a jamais ouï parler.
    Que, lorsqu'il n'y avait point d'exemple de quelque chose, il en fallait faire ; que ce qui était inouï ne le serait plus quand il serait fait. — (Louis-Guez de Balzac, De la cour, 7e disc.)
    Il est beau de tenter des choses inouïes. — (Pierre Corneille, Sertor. IV, 2.)
    Et qui croira qu'un cœur si grand en apparence […] Trame une perfidie inouïe à la cour ? — (Jean Racine, Brit. III, 6.)
    Le prix est sans doute inouï, Jamais d'un tel honneur un sujet n'a joui. — (Jean Racine, Esth. II, c.)
    Est-ce donc un prodige inouï parmi nous ? — (Jean Racine, Phèdre, IV, 6.)
    Les grands et le peuple lui rendent des honneurs jusque-là inouïs. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Pécheresse.)
    Ah ! quels noms inouïs lui donnez-vous, seigneur ! — (Voltaire, Fanat. I, 2.)
    Le czar, se réservant pour tous domestiques un valet de chambre, un homme de livrée et un nain, se confondait dans la foule ; c'était une chose inouïe dans l'histoire du monde, qu'un roi de vingt-cinq ans qui abandonnait ses royaumes pour mieux régner. — (Voltaire, Russie, I, 9.)
    L'appareil inouï pour ces mortels nouveaux De nos châteaux ailés qui volaient sur les eaux. — (Voltaire, Alz. I, 1.)
  3. (Aujourd’hui) Si extraordinaire, que jusque-là on n'avait ouï parler de rien de semblable.
    Les saints martyrs de Lyon et de Vienne endurèrent des supplices inouïs. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique I, 10.)
    Les infortunes inouïes d'une si grande reine. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Reine d'Anglet.)
    La promptitude inouïe avec laquelle se fit ce grand changement est un miracle visible. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique II, 7.)
    Ah ! sentence ! ah, rigueur inouïe ! — (Jean Racine, Iphig. V, 1.)
    Fortune dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs. — (Jean-Baptiste Rousseau, Ode à la Fortune.)
    La jalousie entre ces deux chefs et l'absence du czar furent en partie cause de la défaite inouïe de Nerva. — (François-Marie Arouet, Russie, I, 11.)
    Ce crime est trop indigne, il est trop inouï. — (François-Marie Arouet, Tancr. II, 6.)
  4. Inouï à.
    Que faudra-t-il croire de cet amas de dogmes inouïs aux schismatiques même les plus audacieux ? — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, t. II, p. 93.)

Synonymes

Locutions dérivées

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier