Idole

Origine

du latin idolum ;qui vient du grec, image, statue, idole id). Dans idolum (o long), l’accent est sur do, et la forme régulière est, en français, idole ;cependant, en de très anciens textes, on trouve idle ;il faut donc admettre qu’il y a eu, dans la latinité, du moins à l’époque de formation des langues romanes, une prononciation avec accent sur i conforme à l’accentuation grecque ;comparez ENCRE, qui offre un cas pareil.
  • API : /i.dɔl/
  • SAMPA : /idOl/

Nom commun

idole /i.dɔl/ féminin (féminin pluriel : idoles /i.dɔl/)
  1. Figure, statue représentant une divinité et exposée à l’adoration.
    Une idole de pierre, de bois. Les prêtres des idoles.
    Si nous ne courbons les genoux Devant une muette idole. — (Jean Racine, Esth. II, 9.)
    Si personne ne sait quand les hommes commencèrent à se faire des idoles, on sait qu’elles sont de l’antiquité la plus haute. — (Voltaire, Dict. phil. Idolâtrie.)
  2. Figuré
    Ces pasteurs cruels […] qui font servir les trésors du sanctuaire à des décorations profanes, qui érigent des idoles des débris de l’autel… (Jean-Baptiste Massillon, Or. fun. Villars.)
  3. La divinité même que l’idole représente.
    Jusque à quand, trompeuse idole [Fortune], D'un culte honteux et frivole Honorerons-nous tes autels ? — (Jean-Baptiste Rousseau, Ode à la Fortune.)
  4. Figuré Fléchir le genou devant l’idole, se courber devant une personne riche, puissante, etc.
    On crut que tout fléchirait devant cette idole de la cour. — (Patru, Plaid. 13, dans RICHELET.)
    On ne sait pas combien il reste de bonnes gens qui n'ont pas fléchi le genou devant l’idole. — (Jean-Jacques Rousseau, Ém. V.)
  5. Dans le style élevé.
    Idole d’iniquité, l’iniquité considérée comme une idole que l’on sert.
    Elle renonce à cette idole d’iniquité qu’elle s’est faite dans sa colère. — (Patru, Plaid. 2, dans RICHELET.)
  6. Figuré Personne à qui on prodigue les honneurs, les louanges.
    Il y a toujours eu, dans les cours, des idoles et des idolâtres. — (Louis-Guez de Balzac, le Prince, 5.)
    Au premier imposteur […] Qui […] Voudra servir d’idole à son zèle charmé. — (Pierre Corneille, Héracl. I, 1.)
    Quelle erreur à une chrétienne, et encore à une chrétienne pénitente, d’orner ce qui n'est digne que de son mépris, de peindre et de parer l’idole du monde, de retenir comme par force et avec mille artifices autant indignes qu’inutiles, ces grâces qui s’envolent avec le temps ? — (Jacques-Bénigne Bossuet, Anne de Gonz.)
    Quelle créature fut jamais plus propre à être l’idole du monde ? mais ces idoles que le monde adore, à combien de tentations délicates ne sont-elles pas exposées ? — (Jacques-Bénigne Bossuet, Duch. d’Orl.)
    Ces petites délicatesses qu’on remarque en la plupart des grands, auprès de qui un simple oubli est un crime qu’à peine mille soins et de longues assiduités peuvent expier ; vaines idoles qu’on ne peut aborder qu’en rampant… (Jean-Baptiste Massillon, Villars.)
    Il n'est point de prince ni de grand, malgré la bassesse et le déréglement de ses mœurs et de ses penchants, à qui de vaines adulations ne promettent la gloire […] il est vrai que le monde, qui avait élevé ces idoles de boue, les renverse lui-même le lendemain. — (Jean-Baptiste Massillon, Petit carême, Gloire.)
  7. L'idole du jour, de la veille, personne qui excite l’enthousiasme, l’admiration aujourd'hui, qui l’excitait hier.
  8. Personne qui est l’objet d’une affection excessive.
    Que je faisais de vous une idole dans mon cœur. — (Marquise de Sévigné, 48.)
    Le prince [le duc du Maine] est l’idole du roi ; plus sa tendresse pour le fils augmente, plus il semble que son amour pour la mère [Mme de Montespan] diminue. — (Marquise de Maintenon, Lett à Mme de St Géran, 28 oct. 1679.)
    Te voilà seul avec toi-même qui étais ton idole. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Tél. XVIII.)
    Quand je fus de retour auprès de ma mère, j'avais tellement l’air de la cour et du monde qu’elle eut du respect pour moi, au lieu de me gronder de mon entêtement pour les armes ; j'étais son idole. — (Antoine Hamilton, Gramm. 9.)
    Le cœur […] se lasse de ses propres idoles. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Pécheresse.)
    Le duc de Guise était l’idole des troupes et du parti catholique. — (Louis de Rouvroy, 374, 3.)
    Gustave Vasa, le héros et l’idole de la Suède. — (Voltaire, Mœurs, 119.)
    Blanca de Sivar était l’idole de son père. — (François René Chateaubriand, Dern. Abenc.)
  9. Ce qui fait le sujet de l’affection, de la passion de quelqu'un.
    Cet honneur a toujours été l’idole des hommes. — (Blaise Pascal, Provençal 14.)
    Je veux me faire une idole de la réputation et de l’amitié. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, t. XVIII, p. 36.)
    Il y a longtemps que les hommes, toujours vains, font leur idole de la gloire. — (Jean-Baptiste Massillon, Petit car. Gloire.)
  10. Il se dit d’un homme qui se tient à ne rien faire.
    Il est là comme une idole.
    D'abord nous n'avons su non plus que d’une idole Lui tirer de la bouche une seule parole. — (Jean de Mairet, Soliman, III, 8.)
    Et de n'entrevoir point de plaisirs plus touchants Qu'une idole d’époux et des marmots d’enfants. — (Molière, Femmes sav. I, 1.)
    Lysimon : Le second de mes fils n'est qu’une franche idole ; Vous le savez. - Pyrante : Eh bien ? - Lysimon : J'en ai fait un abbé. — (Philippe Néricault Destouches, Irrésolu, I, 1.)
  11. Une idole, en parlant d’une femme, celle qui n'a guère d’esprit et qui paraît insensible comme une statue.
    Elle est belle, mais c’est une idole, une vraie idole.
    Poppée est bien [dans son buste] la jolie idole que devait élever puis briser un caprice de Néron. — (Ampère, Historique rom. à Rome, Introd. p. LV.)
  12. Idole des Maures, poisson de la mer des Indes.
  13. Idole des nègres, boa devin.
  14. Coquille univalve.

Synonymes

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier

Voir aussi