Façon

Origine

du latin factionem, pouvoir de faire. Façon, venant de faire, a pris sans peine tous les sens qu’il a ou qu’il a eus, même celui de mine, visage ;pourtant il est possible que le latin facies ait agi pour donner anciennement à façon le sens de face ;mais, en aucun cas, façon ne peut venir de facies, il vient de factionem.
  • API : /fa.sɔ̃/
  • SAMPA : /fasO~/

Nom commun

façon /fa.sɔ̃/ féminin (féminin pluriel : façons /fa.sɔ̃/)
  1. Action de faire ; usité en ce sens seulement avec la préposition de, dans le style familier, et signifiant par le fait de quelqu'un, par son oeuvre.
    Il doit lancer contre elle un trait de ma façon. — (Tristan, Mariane, II, 3.)
    Ce héros de ma façon. — (Pierre Corneille, Ex. de Nicom.)
    Je disais, en voyant des vers de sa façon. — (Molière, Mis. I, 2.)
    Les uns ne voulaient point de Dieu ; les autres nous en donnaient un de leur façon. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Vérité de la religion.)
    Les oeuvres de notre choix, nous nous y prêtons avec complaisance ; c’est un joug de notre façon qui ne nous blesse jamais. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Culte.)
    Il substitue à la véritable idée des choses un fantôme de sa façon. — (Jean-Baptiste Massillon, Or. fun. Villeroy.)
  2. De la façon de, se dit aussi de l’enfant fait à une femme.
    Mais, monsieur, entre nous, quand de votre façon Vous aurez, s’il se peut encor, garçon ou fille […] — (Jean-François Regnard, Distrait, I, 4.)
    Honoria était déjà grosse de la façon d’un de ses domestiques. — (Voltaire, Moeurs, 11.)
  3. Travail de l’artisan qui a fait quelque chose. Payer la façon d’un habit.
    Il peut y ajouter [à une matière] des couleurs et de la façon par le dessus, mais non pas lui donner aucune bonté intérieure. — (Louis-Guez de Balzac, De la cour, 2e disc.)
    Tout montre combien la façon de l’ouvrier surpasse la vile matière qu’il a mise en oeuvre. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, Exist. 29.)
    Il en connaissait un [tailleur] qui avait des moeurs, qui se contentait de ses façons, sans escamoter le moindre morceau de drap. — (Alain René Lesage, Guzm. d’Alfar. VI, 1.)
    [Si le coiffeur n'intervenait pas,] nos têtes seraient mal de la façon de l’auteur de notre être. — (Jean-Jacques Rousseau, Ém. I.)
  4. À façon, se dit d’un travail qu’un ouvrier accomplit chez lui pour un patron qui fournit la matière. Un ouvrier à façon. Prendre à façon. Travailler à façon.
  5. Il se dit aussi de celui qui achète lui-même des étoffes. Je donne, je fais faire mes habits à façon.
  6. Terme de construction. Bois à façon, bois que l’on fournit à l’entrepreneur.
  7. Au plur. Les apprêts que l’on fait subir à certains objets pour les employer.
    L'appétit dispenserait des façons. — (Jean-Jacques Rousseau, Ém. IV.)
    La moitié des équipages reste à terre pour donner à la morue les façons dont elle a besoin, l’autre moitié s’embarque sur les bateaux. — (Abbé Raynal, Historique phil. XVII, 13.)
  8. Terme d’économie politique. Chacune des opérations destinées à créer ou à accroître l’utilité d’un produit ; ou chaque degré d’élaboration d’un produit accompli par un producteur différent.
    Toutes les fois qu’une façon ne contribue pas à créer, ou bien à augmenter la valeur d’un produit, elle n'est pas productive. — (J. B. Say, Épitomé, façons productives.)
    Toutes ces différentes ventes, tous ces achats ont été nécessaires pour que le coton du Brésil fût porté en robes de toile peinte ; ce sont autant de façons productives données à ce produit ; et plus ces façons auront été rapides, plus cette production se sera faite avec avantage ; mais si, dans une même ville, on achetait et vendait, plusieurs fois, une même année durant, la même marchandise sans lui donner une nouvelle façon, cette circulation serait funeste au lieu d’être avantageuse, et augmenterait les frais au lieu de les épargner. — (J. B. Say, Traité, 1841, p. 150.)
  9. Manière dont on fait une chose, forme qu’on lui donne. La façon de cette étoffe est belle. Il a un habit d’une façon toute particulière.
  10. En bonne façon, suivant les règles, bien conditionné.
    C'est un contrat en fort bonne façon. — (Jean Racine, Plaid. III, 4.)
  11. Venu à sa dernière façon, achevé. Un livre parvenu à sa dernière façon, Mém. de Trév. dans DESFONTAINES.
  12. Façon à la reine, manière de tailler les pièces de verre et de les arranger pour former une vitre.
  13. Façon de compte, la somme que le roi allouait autrefois à un comptable pour la reddition de ses comptes.
  14. Terme de pratique ancienne. La façon d’un arrêt, le travail d’un greffier pour dresser un arrêt.
  15. (Agriculture) Opération qui a pour but le travail, l’ameublissement de la terre. Les labours, hersages, etc. sont des façons. Donner une première, une seconde façon à la vigne, aux champs.
    Mettre les terres en état de rendre tout ce qu’on en peut attendre, quand elles ont eu toutes les façons nécessaires. — (Vauban, Dîme, p. 58.)
  16. Figuré Donner une façon à la vigne du Seigneur, travailler à la propagation de doctrines qu’on juge bonnes.
    J'espère qu’il pourra encore, comme il le dit, donner quelque façon à la vigne du Seigneur. — (Jean le Rond D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 9 avril 1773.)
  17. (Marine) Les façons d’un bâtiment, les courbes données à la carène, à l’avant, à l’arrière.
  18. Ligne ou lisse des façons, celle qui fait le tour de la carène en passant par l’extrémité de toutes les varangues.
  19. Manière, sorte. C'est sa façon. On en parle d’une façon étrange. Une épître à la façon de Boileau.
    Revenant à examiner l’idée que j'avais d’un être parfait, je trouvais que l’existence y était comprise en même façon qu’il est compris en celle d’un triangle que ses trois angles sont égaux à deux droits. — (René Descartes, Méth. IV, 5.)
    Accoutumés à ne rien considérer qu’en s’imaginant, qui est une façon de penser particulière pour les choses matérielles. — (René Descartes, ib. IV, 6.)
    Et de quelle façon punissez-vous l’offense, Si vous traitez ainsi les voeux de l’innocence ? — (Pierre Corneille, Hor. III, 1.)
    Sans dessein de justifier la façon dont je l’ai fait parler [Chimène] en français. — (Pierre Corneille, Cid, Avert.)
    La façon de donner vaut mieux que ce qu’on donne. — (Pierre Corneille, Ment. I, 1.)
    Et, de quelque façon que l’on me considère. — (Pierre Corneille, Cinna, I, 2.)
    De la façon enfin qu’avec toi j'ai vécu. — (Pierre Corneille, ib. v, 1.)
    Et de quelle façon est-ce écouter des voeux Qu'obliger un amant à travailler contre eux ? — (Pierre Corneille, Perthar. II, 2.)
    Monsieur le mort, laissez-nous faire ; On vous en donnera de toutes les façons ; Il ne s’agit que du salaire. — (Jean de la Fontaine, Fabl. VII, 11.)
    On obtient tout de moi quand on s’y prend de la bonne façon. — (Molière, Préc. 8.)
    Et qu’enfin tout le mal, quoique le monde glose, N'est que dans la façon de recevoir la chose. — (Molière, Éc. des femmes, IV, 8.)
    La vilaine façon de parler que voilà ! — (Molière, Mar. forcé, 16.)
    Hélas ! de la façon qu’il parle, serait-il bien possible qu’il ne dît pas vrai ? — (Molière, Mal. im. I, 4.)
    Il semble, de la façon que vous parlez, que la vérité dépende de notre volonté. — (Blaise Pascal, Provençal 8.)
    Je suis heureux autant qu’un vieux malade peut l’être ; votre façon d’être heureux est d’une espèce toute différente. — (Voltaire, Lett. Chabanon, 20 nov. 1767.)
    Quand il s’agit de faire parler les passions, tous les hommes ont presque les mêmes idées ; mais la façon de les exprimer distingue l’homme d’esprit d’avec celui qui n'en a point. — (Voltaire, Mariamne, Préface.)
    Si c’était pour négocier la paix, il viendrait ici faire une bonne oeuvre ; car nous en avons grand besoin, à la façon dont nous faisons la guerre. — (Jean le Rond D'Alembert, Lett. au roi de Prusse, 30 juillet 1781.)
    Que tous ces impôts qu’on lève sur nous en tant de façons vont en leur poche [des courtisans] et non pas dans celle du roi. — (Paul Louis Courier, Aux âmes dévotes.)
  20. En toutes façons, à tous égards.
    Ce qu’on voit dans l’histoire sainte est en toutes façons plus remarquable : la force prodigieuse d’un Samson […] — (Jacques-Bénigne Bossuet, Historique I, 5.)
  21. De toute façon, quoi qu’il en soit, en dépit de tout. Il faudra bien, de toute façon, que vous y consentiez.
  22. En façon du monde, avec une négation, signifie nullement.
    Je fus d’autant plus obligé à Marin que je ne le connaissais en façon du monde. — (Louis de Rouvroy, I, 29.)
  23. Familièrement. S'en donner de la bonne façon, bien manger, faire une grande dépense, mener grand train. À ce repas il s’en est donné de la bonne façon. Depuis qu’il a fait cet héritage, il s’en donne de la bonne façon.
  24. Familièrement. En donner de la bonne façon à quelqu'un, le maltraiter en actions ou en paroles. Si vous lui tombez sous la main, il vous en donnera de la bonne façon.
    C'est un traître, un parjure, Qu'un autre traiterait de la bonne façon. — (La Chaussée, Préjug. à la mode, IV, 13.)
  25. On dit de même de la belle façon.
    Oh ! je vais la tancer d’une belle façon. — (Dorat, Feinte par amour, II, 2.)
  26. Familièrement. Des gens d’une certaine façon, des gens d’un certain rang.
    Vous savez qu’une fille aussi de sa façon Donne avec un jeune homme un étrange soupçon. — (Molière, Éc. des femmes, v, 2.)
  27. Façon d’agir, manière de se comporter.
    Votre façon d’agir le fait assez connaître. — (Pierre Corneille, Pomp. II, 3.)
  28. Façon de faire, même sens.
    Les façons de faire des Grecs. — (Claude Favre de Vaugelas, Q. C. 512.)
    Il y a longtemps que vos façons de faire donnent à rire à tout le monde. — (Molière, Bourg. gent. III, 3.)
    L'usage a préféré façon de faire à manière de faire et manière d’agir à façon d’agir. — (Jean de la Bruyère, XIV.)
  29. Façon de voir, opinion, idée qu’on se fait.
    Devons-nous assurer que ces qualités soient les seules que la matière ait en effet, ou plutôt ne devons-nous pas croire que ces qualités que nous prenons pour des principes ne sont autre chose que des façons de voir ? — (Georges Louis Leclerc, Historique des anim. ch. 3.)
  30. Façons de penser, pensées que l’on a, jugements que l’on porte. Je lui ai dit franchement ma façon de penser.
  31. Façon de parler, de dire, manière dont on s’exprime.
    Vos façons de parler me font tant de plaisir que j'en oublie presque ce que j'ai à vous dire. — (Pierre de Marivaux, l'Épreuve, sc. 8.)
    Soldat pendant longtemps, aujourd'hui paysan, comment saurais-je donner aux vices des noms aimables et polis ? peut-être aussi ne le voudrais-je pas, s’il était en moi de quitter nos rustiques façons de dire pour vos expressions, vos formules. — (Paul Louis Courier, Procès, t. II, p. 77.)
  32. Façon de parler, phrase, locution. Cette façon de parler est mauvaise, nouvelle.
    Ce sont façons de parler obligeantes de ce pays-là. — (Molière, Bourg. gentilh. IV, 6.)
  33. Figuré C'est une façon de parler, c’est-à-dire ce qui est dit ne doit pas être pris à la rigueur.
    Vous n'avez regardé cet engagement que comme une façon de parler. — (Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, Mlle de Clermont, p. 67, dans POUGENS.)
  34. On dit aussi par façon de, et, elliptiquement, dans le langage familier, façon de. Je lui dis, façon de plaisanter, que je ne voulais plus le voir.Façon d’être, manière de se conduire.
    Nous n'eûmes ni lieu de nous plaindre, ni lieu de nous louer de notre façon d’être ensemble. — (Jean-François Marmontel, Mém. IV.)
  35. Manière propre d’un écrivain, d’un artiste.
    La seconde façon d’un auteur est la critique de la première. — (Olivet, Historique Acad. t. II, p. 184, dans POUGENS.)
  36. On dit dans le même sens façon de faire.
    Un jeune homme doit-il être le copiste de la façon de faire de ces auteurs ? — (Pierre de Marivaux, dans DESFONTAINES.)
  37. Une façon de […] se dit de ce qui n'a guère que l’apparence. C'est une façon de bel esprit.
    Ce ne sont plus rien que des idées ou des fantômes, des façons de chevaux. — (Molière, l'Av. III, 5.)
    Je ne suis qu’une façon de musicien. — (Jean-François Regnard, Sérénade, sc. 26.)
    Une façon de secrétaire que j'ai amené avec moi, espèce de rimailleur, fait des vers sur cette aventure. — (Voltaire, Lett. d’Argental, 23 sept. 1750.)
  38. L'air, le maintien, le port d’une personne. Monsieur un tel a fort bonne façon.
    Certes, ou je me trompe, ou déjà la victoire, Qui son plus grand honneur de tes palmes attend, Est aux bords de Charente en son habit de gloire Pour te rendre content ; Que sa façon est brave et sa mine assurée ! […] — (François de Malherbe, II, 12.)
    Voici venir quelqu'un d’assez pauvre façon. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. VIII.)
    Sa mine, ses façons, tout me le rend suspect. — (Hauteroche, Bourg. de qual. IV, 7.)
    Bien fait et beau, d’agréable façon. — (Jean de la Fontaine, Aveux.)
    Je me tournai vers mon janséniste, et je vis bien à sa façon qu’il n'en croyait rien. — (Blaise Pascal, Provençal 4.)
  39. Familièrement. N'avoir ni mine ni façon, en parlant d’une personne, être sans grâce et sans maintien. En parlant d’une chose, n'avoir point de mine, et aussi, figurément, être absurde, sans rime ni raison. Ce que vous avez fait n'a ni rime ni façon.
  40. Il se dit aussi, dans un sens analogue, de l’apparence de certaines choses. Ce rôti, cet habit a bonne façon, mauvaise façon.
  41. Au plur. Il se dit des manières, des procédés dont on use. Les enfants ont de petites façons qui plaisent.
    Lui voir les mêmes petites façons qu’elle faisait à l’autre. — (Marquise de Sévigné, 163.)
    On dit que voilà comme il faudrait vivre dans le monde et non pas comme tels et telles à qui la dévotion a gâté l’esprit, et qui décrient la véritable piété par des façons sauvages et des singularités indiscrètes. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Mauv. riche.)
    J'avais des grâces et de petites façons qui n'étaient point ordinaires. — (Pierre de Marivaux, Marianne, 1re part.)
    Vous êtes un insolent, je ne suis point faite à ces façons-là. — (Voisenon, Historique de la sultane Grisemine, Oeuv. t. v, p. 65, dans POUGENS.)
  42. Faire des façons à quelqu'un, l’inviter, l’agacer.
    Quelque façon qu’on me fasse pour m’y faire retourner. — (Marquise de Sévigné, 77.)
  43. Manières affectées, ton. C'est une femme pleine de façons.
    Celles qui font tant de façons n'en sont pas estimées plus femmes de bien. — (Molière, Critique, 3.)
    Je pourrais vous demander si ce ne sont pas ici les façons du rang et de la naissance plutôt que des besoins réels. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Jeûne.)
  44. Faire des façons, prendre un air affecté, se donner un air de réserve et de pruderie.
    Prenez bien garde, vous, à vous déhancher comme il faut, et à faire bien des façons. — (Molière, Impromptu, 3.)
    Souvenez-vous des façons, pour n'en jamais faire. — (Boissy, Français à Londres, sc. 14.)
  45. Politesses cérémonieuses, manière gênante de témoigner ses égards, sa réserve.
    À force de façons il assomme le monde. — (Molière, Mis. II, 5.)
    Mon Dieu, que de façons ! gardez la bague puisque monsieur le veut. — (Molière, Avare, III, 12.)
  46. Familièrement. Ne faites point tant de façons, ou, simplement, point tant de façons, c’est-à-dire faites, sans plus de cérémonies, la chose dont il s’agit.
    Point de façon, je vous conjure ; Entrons vite dans la maison. — (Molière, Amph. III, 6.)
  47. Sans façon, sans cérémonie. Un dîner sans façon. Mettez-vous à table avec nous sans façon.
    Madame, vous savez que j'agis sans façon. — (Thomas Corneille, Baron d’Albikrac, III, 6.)
    Il allait souper avec lui sans façon. — (Antoine Hamilton, Gramm. 7.)
    J'accepte sans façon l’offre que vous me faites. — (Florent Carton, Trahison punie, III, 2.)
  48. Un homme sans façon, un homme simple, non cérémonieux en ses manières.
    Mais ce président sans façon Ne pérore ici qu’en chanson. — (Pierre Jean de Béranger, Acad. et cav.)
  49. Sans façon, se prend substantivement au masculin et signifie conduite simple, non cérémonieuse, ou qui va jusqu'au familier déplacé. On le regardait sous le nez avec un sans façon qui l’indignait.
  50. Difficultés pour se décider, pour consentir.
    Qu'elle y fait de façons ! — (Pierre Corneille, Ment. IV, 6.)
    Votre plus court sera, madame la mutine, D'accepter sans façon l’époux qu’on vous destine. — (Molière, Sgan. 1.)
    Ah ! je vous entends, voilà l’affaire, que diable, pourquoi tant de façons ? Monsieur, le mystère est découvert. — (Molière, l'Amour méd. I, 3.)
    Que de sottes façons et que de badinages ! — (Molière, Mélic. I, 3.)
    La femme fit quelque peu de façons. — (Jean de la Fontaine, Rém.)
    Ils ne font point tant de façons pour se marier. — (Marquise de Sévigné, 126.)
    On dit que cette dernière [une dame] est repoussée [n'est pas faite dame d’honneur de la Dauphine], parce qu’elle a fait trop de façons et trop de propositions. — (Marquise de Sévigné, 397.)
    […]Hé ! faut-il tant tourner autour du pot ? […] Pour moi, je ne sais point tant faire de façon. — (Jean Racine, Plaid III, 3.)
    Ce ne fut pas sans beaucoup de façons qu’il y consentit. — (Antoine Hamilton, Gramm. 3.)
    Des barbons qui font des façons à la porte du néant. — (Voltaire, Lett. en vers et en prose, 160.)
  51. Ne pas faire façon de, ne pas hésiter à, sur.
    Pour moi, je n'en fais pas de façons. — (Molière, Mis. IV, 1.)
    Mme de Brissac et le chanoine dînent ici fort souvent ; comme on ne mange que des viandes fort simples, on ne fait nulle façon de donner à manger. — (Marquise de Sévigné, 278.)
    Ne faites point de façon de m’envoyer les commissions. — (Marquise de Sévigné, 303.)
    Elle en fit bien quelque façon d’abord. — (Antoine Hamilton, Gramm. 9.)
  52. Soin, attention, circonspection. Cela ne mérite pas qu’on apporte tant de façons.
    On ne fait pas tant de façon à la réception d’un laquais. — (Jean-Jacques Rousseau, Conf. III.)
    La comtesse : Quoi ! Suzon, il voulait te séduire ? - Suzanne : Oh que non ; monseigneur n'y met pas tant de façon avec sa servante ; il voulait m’acheter. — (Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Mar. de Figuré II, 1.)
  53. Il y faut plus de façon, cela exige plus d’effort, de temps.
    Pour qu’un homme soit peintre, il y faut plus de façon [que pour qu’il soit général]. — (Paul Louis Courier, Lett. II, 223.)
  54. Sans plus de façon, sans autre façon, incontinent, sans s’arrêter.
    Ils lavent leurs enfants à la mer sans autre façon. — (Jean-Jacques Rousseau, Ém. I.)
  55. Ne pas chercher de façons à une chose, passer sans hésiter par-dessus les difficultés qu’elle présente.
    Tout ceci sent un peu la comédie, mais, avec lui, on peut hasarder toute chose ; il n'y faut point chercher tant de façons. — (Molière, Bourg. gent. III, 14.)
    Il y en a d’autres qui font du mariage un commerce de pur intérêt […] ces personnes-là à la vérité n'y cherchent pas tant de façons, et regardent peu la personne. — (Molière, Mal. im. II, 7.)
    Je leur entendais dire d’excellentes choses ; mais ils les disaient avec si peu d’effort, ils y cherchaient si peu de façon […] — (Pierre de Marivaux, Marianne, 4e part.)
  56. Faire les façons d’une chose, en prendre la peine.
    Si vous ne le voulez pas, trouvez bon que je n'en fasse pas les façons. — (Marquise de Sévigné, 37.)
  57. Ornement broché à l’extrémité des coins d’une paire de bas.
  58. Par façon, pour faire comme le veut l’usage.
    Ce précieux baume la guérit pendant la nuit parfaitement […] et ce n'est que par façon qu’elle a pris un jour de repos. — (Marquise de Sévigné, 544.)
    L'union conjugale n'est que par façon et pour la forme dans la comédie. — (Jacques-Bénigne Bossuet, Lett. 181.)
  59. De la façon, loc. adv. De cette façon.
    Et, de la façon, quoiqu'elles soient chastes, elles [les Muses] ne laissent pas d’être publiques. — (Louis-Guez de Balzac, liv. VII, lett. 11.)
    Vous vous plaignez, armez et frappez à la fois ; Est-ce de la façon qu’on demande ses droits ? — (Jean de Rotrou, Antig. II, 2.)
    Ah ! je vous connais, lui dis-je, Ingrat et cruel garçon ; Faut-il que qui vous oblige, Soit traité de la façon ? — (Jean de la Fontaine, Amour mouillé.)
    On se rirait de vous, Alceste, tout de bon, Si l’on vous entendait parler de la façon. — (Molière, Mis. I, 1.)
  60. De façon que, ou de telle façon que, loc. conj. avec l’indicatif, si bien que, tellement que.
    Il [le héron] l’ouvrit [le bec] pour bien moins ; tout alla de façon Qu'il ne vit plus aucun poisson. — (Jean de la Fontaine, Fabl. VII, 4.)
  61. De façon que, ou de telle façon que, loc. conj. avec le subj. Vivre de façon qu’on ne fasse tort à personne.
  62. Ces deux locutions se distinguent en ce que la première indique que le résultat est obtenu ; la seconde, qu’il est à obtenir : Il travaille de façon qu’il peut vivre, c’est-à-dire que son travail le fait vivre ; il travaille de façon qu’il puisse vivre, c’est-à-dire qu’il fait ses efforts pour vivre de son travail.
  63. De façon à, loc. prépositive, avec l’infinitif, de telle façon que […] Conduisez-vous de façon à vous faire aimer.

Mots apparentés

Locutions dérivées

TraductionDéplier / Replier