Fange

Origine

Norm. fangue m ;fanha, faigna, fangua, s. f. On a donné pour étymologie le goth. fani, génit. fanjis. Mais il y a un mot latin peu usité famicosus, fangeux, qui aura très bien donné fangeux ;et, comme le latin a aussi un substantif famix, famicis, signifiant abcès, bourbe, on trouvera là le radical de nos mots romans sans recourir à l’allemand. D'ailleurs il est possible, comme cela est arrivé pour d’autres, que le mot latin et le mot allemand se soient rencontrés et confondus.
  • API : /fɑ̃ʒ/
  • SAMPA : /fa~Z/

Nom commun

fange /fɑ̃ʒ/ féminin (féminin pluriel : fanges /fɑ̃ʒ/)
  1. Boue, bourbe.
    Mais je n'ai plus trouvé qu’un horrible mélange D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange. — (Jean Racine, Athal. II, 5.)
    Il nous fallut repasser le Rhin sur le pont de Strasbourg à travers des eaux et des fanges inconcevables. — (Louis de Rouvroy, 47, 55.)
    Arrachez-moi des fanges de Lutèce ; Sous un beau ciel mes yeux devaient s’ouvrir. — (Pierre Jean de Béranger, voir aussi imag.)
  2. Par extension et poétiquement, pays marécageux.
    On a vu mille fois des fanges méotides, Sortir des conquérants. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Épît. I.)
  3. Figuré Ce qui souille comme fait la fange ; bassesse, abjection.
    Elle a vu parmi la fange Fouler ce qu’elle adorait. — (François de Malherbe, II, 4.)
    Et qu’à moins d’être au rang d’Horace ou de Voiture, On rampe dans la fange avec l’abbé de Pure. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Sat. IX.)
    Les grandes âmes choisissent hardiment des favoris illustres, et des ministres approuvés ; Louis XI n'eut guère pour ses confidents et pour ses ministres que des hommes nés dans la fange, et dont le cœur était au-dessous de leur état. — (Voltaire, Mœurs, 94.)
    Vous êtes depuis longtemps enfoncés dans la fange de notre antique barbarie ; il est triste d’être ignorants, mais il est affreux d’être lâches et corrompus. — (Voltaire, Pol. et législ. Anne Dubourg à ses juges.)
    Il y a eu toujours dans la fange de notre littérature plus d’un de ces misérables qui ont vendu leur plume et cabalé contre leurs bienfaiteurs mêmes. — (Voltaire, Dict. phil. âme.)
    S'élever jusqu'au faîte, ou ramper dans la fange. — (André Chénier, l'Invention.)
  4. Couvrir de fange, insulter grossièrement, couvrir d’ignominie.
    Une statue ne console pas, lorsque tant d’ennemis conspirent à la couvrir de fange. — (Voltaire, Lett. d’Argental, 6 avril 1773.)
  5. Dans le langage ascétique, il se dit des voluptés du monde par opposition à la vie dévote.
    Plongé dans la fange des voluptés terrestres.
    Il m’a tiré d’un abîme de fange et de boue. — (Port-Royal, Psaume 39.)

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier