Fable

Origine

Du latin fabula, récit, fable, de fari, parler.
  • API : /fabl/
  • SAMPA : /fabl/

Nom commun

fable /fabl/ féminin (féminin pluriel : fables /fabl/)
  1. Ce que l’on dit, ce que l’on raconte. Inusité en ce sens, qui est le propre.
  2. Sujet de malins récits. .
    La science… Sert au peuple de fable, aux plus grands de risée. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. III.)
    Il me laisse au milieu d’une terre étrangère, La fable de son peuple et la haine du mien. — (Pierre Corneille, Médée, I, 5.)
    Gardez-vous de l’homme malicieux, qui est toujours appliqué à faire le mal, de peur qu’il ne vous rende pour jamais la fable du monde. — (Isaac Louis Lemaistre de Sacy, Bible, Ecclésiastique, II, 35.)
    Nous allons servir de fable et de risée à tout le monde. — (Molière, Préc. sc. 19.)
    Un prince sera la fable de toute l’Europe et n'en saura rien. — (Blaise Pascal, Am.-propre, 1.)
    Suis-je, sans le savoir, la fable de l’armée ? — (Jean Racine, Iph. II, 7.)
    Je ne prétends pas qu’une patience ridicule me rende la fable de la ville. — (Antoine Hamilton, Gramm. 8.)
    Par vous la piété devient la fable du monde, le jouet des impies. — (Jean-Baptiste Massillon, Carême, Injust.)
  3. Récit imaginaire, c’est-à-dire d’imagination. .
    Non plus que si nos peines Étaient fables du peuple inutiles et vaines. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. IV.)
    Et si l’enfer est fable au centre de la terre, Il est vrai dans mon sein. — (François de Malherbe, V, 21.)
    Après y avoir bien pensé, il m’a semblé que cela sent extrêmement sa fable et qu’il n'est pas possible qu’il y ait au monde un homme si petit ni si galant. — (Vincent Voiture, Lett. 28.)
    En une saison où l’histoire est si brouillée, j'ai cru que je vous pouvais envoyer des fables, et qu’en un lieu où vous ne songez qu’à vous délasser l’esprit, vous pourriez accorder à l’entretien d’Amadis quelques-unes de ces heures que vous donnez aux gentilshommes de votre province. — (Vincent Voiture, Lett. 3.)
    Tu ne trouveras plus ici, Alexandre, de fables ridicules à conter pour te vanter d’être le fils de Jupiter. — (François de Salignac de la Mothe Fénelon, t. XIX, p. 238.)
  4. Récits mythologiques relatifs au polythéisme.
    Les dieux de la Fable.
    La Fable offre à l’esprit mille agréments divers. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Art p. III.)
    Mais dans une profane et riante peinture De n'oser de la Fable employer la figure, C'est d’un scrupule vain s’alarmer sottement. — (Nicolas Boileau-Despréaux, ib.)
    Là [en Grèce], l’histoire ou la Fable ont semé leurs grands noms Sur des débris sacrés, sur les mers, sur les monts. — (Alphonse de Lamartine, Harold, XI.)
  5. En ce sens il s’écrit avec majuscule, et ne se dit qu’au singulier.
  6. Il se dit aussi au singulier sans majuscule et au pluriel, pour exprimer tout récit ayant un caractère mythologique quelconque. .
    Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable ; Il doit régner partout, et même dans la fable. — (Nicolas Boileau-Despréaux, Épit. IX.)
    Le récit que fait Hérodote des premiers commencements de Cyrus a bien plus l’air d’une fable, que d’une histoire. — (Charles Rollin, Trait. des Ét. v, III, 2.)
    Les fables sont l’histoire des temps grossiers. — (Voltaire, Moeurs, CXIX.)
    Le pic tenait le premier rang dans les auspices ; son histoire, ou plutôt sa fable, mêlée à la mythologie des anciens héros du Latium, présente un être mystérieux et augural. — (Georges Louis Leclerc, Ois. t. XIII, p. 14, dans POUGENS.)
  7. (Poésie) Épique et dramatique. La suite des faits qui forment une pièce dramatique ou épique, en tant qu’elle est un travail d’imagination.
  8. Petit récit qui cache une moralité sous le voile d’une fiction et dans lequel d’ordinaire les animaux sont les personnages. .
    L'apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme ; le corps est la fable ; l’âme, la moralité. — (Jean de la Fontaine, Fabl. Préface.)
    Aristote n'admet dans la fable que les animaux. — (Jean de la Fontaine, ib.)
    Les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être ; Le plus simple animal nous y tient lieu de maître. — (Jean de la Fontaine, ib. VI, 1.)
    On doute que les fables d’Ésope, telles que nous les avons, soient toutes de lui, du moins pour l’expression ; on en attribue une grande partie à Planude, qui a écrit sa vie, et qui vivait dans le XIVe siècle. — (Charles Rollin, Historique ancien Oeuv. t. II, p. 626, dans POUGENS.)
    Dans la plupart de ses fables il [la Fontaine] est infiniment au-dessus de tous ceux qui ont écrit avant et après lui, en quelque langue que ce puisse être. — (Voltaire, Louis XIV, Écrivains.)
  9. Mensonge, chose controuvée. .
    Tu veux rendre, Asdrubal, par une pure fable, Le coupable innocent et l’innocent coupable. — (Jean de Mairet, Mort d’Asdrubal, II, 3.)
    Sa mort est trop certaine et fut trop remarquable Pour craindre un grand effort d’une si vaine fable. — (Pierre Corneille, Héracl. I, 2.)
    [Pharnace] […] me troublant par des fables, Grossit, pour se sauver, le nombre des coupables. — (Jean Racine, Mithr. III, 4.)

TraductionDéplier / Replier