Essor

Origine

voir aussi essor.
  • API : /e.sɔʁ/
  • SAMPA : /esOR/

Nom commun

essor /e.sɔʁ/ masculin
  1. Action de l’oiseau qui s’élance pour prendre son vol.
    Avant que la nitée Se trouvât assez forte encor Pour voler et prendre l’essor. — (Jean de la Fontaine, Fab. IV, 22.)
    Déjà prenait l’essor pour se sauver dans les montagnes cet aigle […] — (Esprit Fléchier, Tur.)
    Il reprit l’essor, il alla se reposer un peu plus loin, et revint encore sur le sein de Vénus. — (Charles-Louis de Secondat Montesquieu, Céphise et l’Am.)
  2. Être à l’essor, se dit d’un oiseau qui vole loin de son nid pour ses différents besoins.
    L'aube du jour arrive, et d’amis point du tout ; L’alouette à l’essor, le maître s’en vient faire Sa ronde […] — (Jean de la Fontaine, Fabl. IV, 22.)
  3. Terme de fauconnerie.
    Monter d’essor, se dit du vol de l’oiseau lorsqu'il monte à perte de vue pour trouver un air plus frais.
  4. Par extension.
    Et dès que son Dieu l’ordonne, Son âme, prenant l’essor, s’élève d’un vol rapide Vers la demeure où réside Son véritable trésor. — (Jean Racine, Cantique, II.)
    Son âme, hélas trop tôt prenant l’essor, Tel un fruit mûr qu’un jeune enfant dérobe, Nous est ravie […] — (Pierre Jean de Béranger, Quénescourt.)
  5. Prendre l’essor, s’est dit aussi pour s’en aller à la hâte.
    M'en croirez-vous, monsieur ? prenez l’essor. — (Hauteroche, le Souper mal apprêté, sc. 18.)
  6. Figuré Prendre l’essor s’est dit pour s’écarter de son sujet.
    Pourquoi, me dira-t-on, nous ramener toujours Cette cassette ? est-ce une circonstance Qui soit de si grande importance ? Oui, selon mon avis ; on va voir si j'ai tort ; Je ne prends point ici l’essor, Ni n'affecte de railleries. — (Jean de la Fontaine, Fiancien)
  7. Figuré Mouvement moral, comparé à l’essor de l’oiseau, par lequel un homme, un esprit, une âme se portent aux choses élevées, étendues.
    Leur esprit prend l’essor où leur langue les guide. — (Abbé Mathurin Régnier, Sat. v.)
    Et quand je me demande un titre légitime D’où prendre quelque gloire et chercher quelque estime, Je vois pour tout appui de mes plus hauts essors Le néant que je suis et le rien d’où je sors. — (Pierre Corneille, Imit. III, 40.)
    Son âme toute royale garde l’équilibre, même dans ses plus grands essors ; ses élévations mêmes ont quelque chose de modéré dans le principe. — (Sainte-Beuve, Causeries, 19 janvier 1852.)
  8. Donner l’essor à son génie, à son imagination, à sa plume, lui donner libre carrière.
    Vous n'avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor. — (Molière, Critique, 7.)
  9. En un sens plus restreint, il se dit d’une personne qui se dégage d’une contrainte, d’une sujétion, d’une infériorité.
    Ce jeune homme a pris tout à coup l’essor.
    Quand le poids du malheur accablant son enfance Interdisait l’essor à ses puissants destins. — (Saurin, Spart. II, 1.)
  10. Succès qu’obtient un livre, une idée.
    N'espérons plus que la haine pardonne à mes chansons leur trop rapide essor. — (Pierre Jean de Béranger, Ad. à la camp.)
  11. Essor s’est dit pour publication.
    Si l’on peut pardonner l’essor d’un mauvais livre, Ce n'est qu’aux malheureux qui composent pour vivre. — (Molière, Mis. I, 2.)
  12. Développement qui a quelque chose de rapide comme le vol de l’oiseau. Essor des sciences, des arts, de l’industrie.
  13. Terme des fouriéristes. Essor harmonique, marche que suivraient les passions individuelles dans une société réglée selon les principes de cette école. Essor subversif, la marche que suivent les passions dans les sociétés mal organisées qui contrarient la nature de l’homme.

Mots apparentés

TraductionDéplier / Replier